Baptêmes, paroisse de Morges, 1800

Voici une de ces familles internationales, si fréquentes chez les Huguenots. Le père était originaire de Genève, la mère (sa cousine) était de Morges. Un de leurs enfants fut baptisé à Francfort. Ils étaient citoyens de Chur (Coire), dans le canton des Grisons, et ils habitaient à Paris! Cet exemple bourré d'informations généalogiques est caractéristique de cette période.

Transcription:

[page] 86                                 1800
Juillet
Johannot Marie Elizabeth Louise fille du Citoyen Jean
50 Evrard Guillaume Johannot bourgeois de
NB.Cet enfant n'est pas Coire dans la Ligue Cadée au Païs des Grisons,
inscrit a la date (c.a.d. habitant a Paris, & de la Cit[oyenn]e. Susanne Jaqueline
a la page 61 de ce Re- née Johannot sa Femme demeurant a Morges,
gistre) parce qu'il n'a née le sixieme Janvier mille sept cent quatre-
pu etre baptisé plutot vingt dix neuf, & baptisée le 10e Juillet mille
huit cent, a eu pour Parrain le Citoyen Jean
Louis Johannot d'Echandens son Oncle, & pour
Marraine la Cit[oyenn]e. Jeanne Louise Johannot
née Patry sa Tante.

Johannot Jeanne Louise Lydie fille du Citoyen Jean
51 Evrard Guillaume Johannot bourgeois de Coire
dans la Ligue Cadée au Païs des Grisons habi
tant a Paris, & de la Cit[oyenn]e Susanne Jaqueline
née Johannot sa Femme demeurant a Morges,
née le vingtquatrieme Juin mille huit cent,
& baptisée le 10e Juillet suivant, a eu pour
Parrain le Citoyen Jean Baptiste Peyrot
de Genève, & pour Marraine la Cit[oyenn]e Louise
Johannot née Lacombe Bisayeule de l'Enfant.


Notes

A cette époque, l'écriture est voisine de la nôtre et aisée à déchiffrer. Vaud a fait sa propre Révolution en 1798, par sympathie pour la Révolution française, c'est pourquoi tout le monde à cette époque porte le titre de "citoyen"; certaines pages de ce registre portent aussi la mention  "Liberté - Egalité" en haut. Pour les femmes, les noms d'épouse et de jeune-fille sont indiqués; sont notés également les liens de parenté du parrain et de la marraine avec l'enfant, ou au minimum les liens entre eux.  Les familles ayant le droit de citoyenneté à Morges retransmettaient souvent vers Morges des documents de baptême établis dans d'autres paroisses, afin d'être sûrs que leurs enfants y soient bien enregistrés.

Guillaume Evrard Johannot et sa femme Susanne Jacqueline Johannot étaient cousins au quatrième degré et cinquième degré respectivement, même s'il a fallu pas mal de recherches pour s'en apercevoir ! Louise Johannot née Lacombe s'appelait en fait Louise Delacombe, elle était la grand-mère de la mère de l'enfant. Les Johannot étaient une famille de papetiers originaires d'Annonay, en France, venus de Genève jusqu'en Vaud en 1685 après la Révocation de l'Edit de Nantes. Une partie de la famille resta à Annonay, catholique selon les apparences, tandis qu'une autre branche s'installa à Francfort (démarrant un moulin à papier à cet endroit), et une autre branche non encore identifiée s'installa dans le Kent, en Angleterre, pour y exercer le même commerce. Après la Révolution française, certains membres de la famille s'installèrent à Paris et à Lyon, et l'un d'entre eux siégea à la Convention, où il prit part au vote qui décida de l'exécution du Roi.


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Traduction française par Anne Bohy