Mariages, paroisse de Moudon, 1620

On trouve dans cet exemple une erreur de transcription : le clerc a indiqué le nom de l'épouse avant le nom de l'époux, puis a barré l'enregistrement et l'a retranscrit dans l'ordre correct. Le vocabulaire utilisé ici est également fort intéressant.

Transcription:

            Aougst 20 [1620]
[raturé]Jeanne relicte de feu Pierre Michod
residant a Moudon, Et Fran[çois] Borrel
bourgeois de Moudon.
M[aistre?] Fran[çois] Borrel, bourg[eois] de Moudon Et
Jeanne relicte de feu Pierre Michod
en son vivant habitant dudit Lieu.
Octobre 20
Jaques Tardy bourg[eois] de Moudon. Et
Agathe fille de feu Michel d'Estraz,
notaire et bourgeois d'Oron.
Benoit fils de George Braillard de
Sottens, bourg[eois] de Moudon, Et Marguerite
fille de feu Michel Thomas, de Berchier.


Notes

L'écriture est très semblable à celle du 16e siècle, mais un peu plus ornée.

Il y a beaucoup d'abréviations ici, chose commune aux 16e et 17e siècles. Ainsi le prénom François se réduit à "Fran" avec un trait au-dessus de la fin du mot pour signifier qu'il y a abréviation. Le "M" peut signifier aussi bien Monsieur que Maistre, c'est pourquoi il est préférable de ne pas y attacher trop d'importance ! Il faut parfois de l'imagination pour décoder les abréviations. J'ai trouvé une fois un "M.d.S.E.X.", qui finalement signifiait "Ministre de la Sainte Eglise Chrétienne". Il n'existe pas de liste standard des abréviations de cette époque; les clercs et les notaires avaient semble-t-il toute liberté pour inventer leurs propres raccourcis. Le trait descendant à la fin de "bourg" à la 4e ligne de cet exemple nous signale que nous avons affaire à un mot raccourci, et en comparant avec les lignes qui précèdent on trouve aisément la solution.

On rencontre au moins trois façons différentes de désigner les veuves à cette époque. La forme utilisée ici est "relicte" (proche du latin relictus, laissé sur place, abandonné), mais on trouve aussi plus couramment  "relaissée" , ou "veuve". Il arrivait qu'un homme disparaisse, ou encore qu'il parte en voyage et ne revienne pas; dans un tel cas, après amples délibérations, le divorce pouvait être accordé à une femme, qui était alors qualifiée de "delaissée". Dans cet exemple, nous voyons que Jeanne est la veuve de feu Pierre Michod, qui vivait à Moudon mais n'en avait probablement pas la citoyenneté. Nous pourrions rechercher le mariage de Pierre Michod dans les enregistrements faits précédemment à Moudon afin d'y rechercher le nom de jeune fille de Jeanne, ou encore nous pourrions chercher  un écrit antérieur nous permettant de comprendre d'où était venu Pierre Michod, et ainsi rechercher son mariage à cet endroit.

Certaines formules peuvent être ambiguës. Lorsque nous lisons "Agathe fille de feu Michel d'Estraz, notaire et citoyen d'Oron", nous savons que c'est Michel, et non sa fille, qui était notaire. Mais si nous trouvons "Pierre fils de feu Michel d'Estraz, notaire et citoyen d'Oron" il est plus vraisemblable que Pierre soit le notaire. Lorsqu'on trouve la formule "en son vivant", nous pouvons être sûr que ce qui suit se rapporte à la personne qui est morte. En l'absence de détails supplémentaires permettant de lever l'ambiguité, il faut toujours garder en mémoire les diverses interprétations possibles ! On peut souvent résoudre le problème en étudiant plus avant les registres paroissiaux, par exemple en cherchant un endroit où le fils serait mentionné ainsi que sa profession, mais sans référence à son père.


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Traduction française par Anne Bohy