Leenhardt M[onsieu]r André Chrêtien, Natif de Francfort sur
le Mein, fils de George Guillaume Léenhardt
et de Marie Emelie Gross, d'une part;
Et Mademoiselle Jeanne Marie, fille de M[onsieu]r Jean
Johannot et de M[adam]e Anne née Johannot d'autre
part, ont reçu la Bénediction Nuptiale par
le pasteur deBruël le 19 Aoust 1785 dans
l'Eglise de Préverenges, L'Epoux aïant produit
un Brevet dont voici la Teneur
LL.Excell.
[next page:]
Mariages 1785
Leurs Excellences du Consistoire de la
Ville de Berne ensuitte d'une permission qui
leur a été presentée de la part du Senat (ou
petit Conseil) ont accordé à André Léenhardt de
Francfort, et à Demoiselle Jeanne Marie
Johannot de Morges, la liberté de se marier
sans les annonces accoutumées, en quel endroit
qu'il leur plaira, sous la Domination de
L[eurs] Excellences; Donné le 11 Aoust 1785.
(L[ocus] S[igilli]) Signé Gabriel LeVerdt
Secret[aire] du Consistoire
Durant l'occupation bernoise, l'autorité suprême concernant
Vaud était exercée à Berne, autant en matière
civile que religieuse. Le Consistoire de Berne avait pouvoir de délivrer
un certificat valable dans tout le territoire bernois. Connaissant un peu
l'histoire de la famille Johannot, voici ce qui a dû se passer: une
branche de la famille Johannot est allée s'établir à
Francfort, et y a créé une fabrique de papier. Ils étaient
déjà papetiers dans leur ville d'Annonay, en France, en remontant
au moins jusqu'à 1634, et encore auparavant près d' Ambert,
en Auvergne (département actuel du Puy-de-Dôme). Manifestement,
la branche de Morges recherchait un mari convenable pour la jeune Jeanne
Marie, et la branche de Francfort proposa un candidat acceptable. Les
termes du mariage furent conclus soit par des visites personnelles de membres
de la famille, soit par des échanges de courriers. Lorsque tout fut
arrangé, le marié ainsi qu'une partie de la famille Johannot
de Francfort se rendit à Morges, s'arrêtant au passage à
Berne pour s'occuper de la paperasserie. Du fait que le marié n'était
pas un citoyen bernois, il y avait des formalités particulières
à accomplir. Le Conseil Municipal demanda au Consistoire Suprême
d'approuver le mariage, ce que ce dernier fit en établissant le certificat
reporté dans le registre de Morges. Il existe d'ailleurs un autre
acte pour ce même mariage, dans la paroisse où se trouve
Préverenges (près de Lausanne). L'acte de mariage de Morges
ne figure là que parce que c'est la paroisse dans laquelle la famille
de la jeune-fille avait droit de citoyenneté.
Au vu de cet exemple, on peut se demander ce qu'on peut trouver d'autre dans les registres du Consistoire de Berne. Si vous avez des histoires intéressantes concernant ces registres, contactez-nous !
En 1785, l'orthographe est presque semblable au français moderne, et l'écriture est aisée à déchiffrer.
Le père et la mère de la mariée étaient cousins au deuxième et troisième degré respectivement, mais aussi en plus cousins au quatrième et cinquième degré respectivement. Ces mariages entre proches avaient souvent pour but de conserver le patrimoine dans la famille. Les fortunes familiales se trouvaient consolidées (ou parfois même construites) par le jeu d'habiles mariages, de génération en génération. L'épouse avait été baptisée à Morges sous le prénom de Marie Louise, mais elle est prénommée ici Jeanne Marie. Il est plus que vraisemblable qu'elle ait été déclarée au moment du baptême sous le nom de Jeanne Marie Louise.
Plus de deux siècles après le mariage transcrit ici, j'ai eu le plaisir de recevoir un message d'un descendant de ce couple ! D'après les documents que possédait sa famille, il était clair que la Marie Louise du baptême était la même personne que la Jeanne Marie du mariage.