
Les maires du palais s'emparent du pouvoir. - Charles-Martel. - Pepin donne au Pape la puissance spirituelle sur l'Eglise. - Pepin proclamé roi des Francs. - Charlemagne; il règne sur la plus grande partie de l'Europe; il organise ses Etats. - Charlemagne couronné empereur. - Louis-le-Débonnaire; il fait des donations à l'Eglise de Lausanne. - Louis-le-Gros; il est déposé. - L'Empire partagé en sept royaumes.
Les rois de la race de Mérovée, héros fabuleux des anciens Francs, régnaient depuis plusieurs siècles sur les descendants des Romains, des Bourguignons et des Francs, répandus sur le territoire situé entre le Rhin et les Alpes au levant, l'Océan et les Pyrénées au couchant. "Ces rois, dit l'historien des Français1, se firent constamment la guerre, et leur histoire, peu connue dans ses détails, se borne à raconter leurs excès, leur férocité et la série d'assassinats qui terminaient ordinairement leur règnes.... Ces rois, tous descendants de CLOVIS, converti au christianisme en 496, ces rois, complètement épuisés par leur vices, n'arrivaient plus à l'âge d'hommes, et quoique leur race ait occupé le trône encore plus d'un siècle, c'est un abus que de donner le nom de rois à ces adolescents, dont l'image était gravée sur les monnaies, mais qui n'arrivaient jamais à commander...." Les ducs, gouverneurs des provinces, les comtes, chefs militaires des districts, ne reconnurent plus le pouvoir de ces rois, et l'accordèrent à l'un des leurs, remplissant auprès du souverain les fonctions de chef de sa maison militaire sous le nom de MAIRE DU PALAIS. Ainsi, dès le VIIIe siècle, les rois des Francs ne régnèrent plus que de nom; ils renoncèrent aux affaires de l'Etat, et passèrent leurs jours dans les maisons royales ou dans quelques couvents. Les fonctions de maire du palais, d'abord électives, devinrent héréditaires, et furent remplies pendant plus d'un siècle par les chefs de la famille Pepin. Ces maires, à la tête des Francs Austrasiens, tribu belliqueuse sans cesse recrutée par des hordes germaines, réunirent de nouveau, par la force des armes, toutes les monarchies des Francs en une seule. L'un d'eux, CHARLES-MARTEL, duc d'Austrasie, se signala dans ses expéditions guerrières. Il réduisit à l'obéissance les Francs Neustriens qui occupaient le centre des Gaules, et lorsque dans l'année 714, des orientaux, disciples de Mahomet, les Sarrasins, conquirent le midi des Gaules et poussèrent leurs ravages dans l'ancien royaume des Bourguignons, jusqu'aux rives de l'Aar, Charles-Martel marcha à leur rencontre et les anéantit dans les champs de Poitiers, après sept jours de combats et de carnage. Ce guerrier porta aussi ses armes chez les Germains et les Saxons, et ses hauts faits le rendirent tout-puissant. Cependant Charles-Martel, auquel rien ne résistait, ne voulut point monter sur le trône des Mérovingiens, vacant depuis neuf années, et à sa mort il laissa à Pepin, son fils, la charge de maire du palais.
PEPIN fut le digne héritier de la gloire de son père. Toutefois, plus ambitieux, il voulut monter sur le trône et faire sanctionner son usurpation par l'Eglise. Mais alors l'Eglise était sans unité: le Pape, considéré sous les empereurs romains comme le premier des évêques, n'avait aucun pouvoir hors des murs de Rome; ni les Lombards et Italie, ni les Francs dans les Gaules, ne reconnaissaient l'autorité du Pape; les conciles, jamais rassemblés, étaient tombés dans l'oubli; les évêques, les abbés des monastères étaient indépendants. Pepin ne pouvait donc traiter avec l'Eglise ainsi divisée; mais son génie lui fit découvrir un homme au moyen duquel il résolut de rendre l'unité à l'Eglise et de donner le pouvoir à son chef. Cet homme était St Boniface, qui, missionnaire dans les Iles Britanniques, y avait converti les Saxons à la foi chrétienne, et avait fondé des évêques sous l'autorité du Pape. St Boniface, après cette oeuvre, voulut aussi convertir les païens de la Germanie, et s'adressa à Pepin pour obtenir sa protection dans cette périlleuse entreprise. Pepin le seconda, contribua à la conversion des Germains et à la fondation de plusieurs évêchés qui reconnurent l'authorité papale. Par l'influence de Pepin, plusieurs évêques des Francs imitèrent les évêques des Germains. St Boniface devint archevêque et fut reconnu légat du Pape par les Eglises du royaume des Francs. Alors Pepin n'hésita plus dans ses projets ambitieux, et s'adressant au pape Zacharie, comme chef de l'Eglise à laquelle il venait de donner un nouveau pouvoir, il le consulta sur la légalité de l'usurpation qu'il méditait déjà depuis dix ans. Zacharie accueillit favorablement les ambassadeurs du maire du palais, et déclara "que celui qui possédait l'autorité de roi le fût en effect, et, au nom de l'Eglise, enjoignit que Pepin fût fait roi.... Pepin fut proclamé roi des Francs par l'Eglise et par les grands; il fut oint de l'onction sacrée par la sainte main de Boniface, et élevé sur le trône, selon la coutume des Francs, dans la ville de Soissons.... Alors Pepin fit raser Childeric III, le dernier des Mérovingiens, et le relégua dans un couvent2." Les peuples, les grands, les évêques, les abbés reconnurent Pepin pour leur roi, et se soumirent à l'autorité spirituelle du Pape.
Parvenu au trône, Pepin se déclara le défenseur de l'Eglise; il appela les évêques aux assemblées de la nation, qui prirent bientôt le caractère de conciles; on y délibérait en latin, langue que les rudes guerriers des Francs ignoraient pour la plupart; on y agitait des questions de théologie, et leurs décrets portaient tous un caractère religieux. Ce même esprit se manifesta aussi dans les guerres de Pepin en Germanie et en Italie, où il portait ses armes chaque fois que le Pape l'y appelait. Il protégea Rome contre les Lombards, il humilia leur roi, et il donna au Pape une puissance temporelle en le nommant duc de Rome. Ce fut dès le règne de Pepin, fondateur de la dynastie des Carlovingiens, que l'on vit la religion s'épurer, et les statuts royaux tendre à réprimer la corruption des grands et des peuples.
CHARLES, l'aîné de ses fils, lui succéda en 768. Son éducation supérieure l'avait initié à toutes les connaissances; il apprit les langues teutonique, latine, grecque; il étudia la musique, la poésie, l'architecture. Cette culture d'esprit ne fut pas reçu en vain: "Elle avait été donnée à un de ces êtres extraordinaires, un de ces puissants génies que la race humaine produit rarement, et qui, rarement encore, sont élevés sur le trône3."
Ses hauts faits lui valurent bientôt le nom de CHARLEMAGNE. Il suivit la politique de Pepin son père et de Charles-Martel son aïeul, et par la puissance de son génie et la force irrésistible de ses armes, il rangea sous ses lois tous les peuples qui s'étaient établis sur le territoire de l'empire d'Occident. Au milieu de ses guerres continuelles, son génie civilisateur se manifesta avec une activité étonnante, même dans les moindres détails de son administration.
Son pouvoir se faisait sentir dans les contrées les plus reculées de ses Etats, où il s'exerçait par des agents résidents, les ducs, les comtes, les vicomtes, les centeniers, les bénéficiers, les vassaux, les échevins. Au-dessus de ces agents étaient les missi-bénéfici, envoyés extraordinaires chargés d'inspecter les agents résidents et l'état des provinces. Investis du droit de réformer les abus, ces envoyés rendaient compte au souverain. Quant au pouvoir central, il était exercé par Charlemagne lui-même et par son conseil. A côté de ce conseil il réunissait souvent des assemblées nationales, convoquées non seulement à Aix-la-Chapelle, capitale du royaume, mais dans toute autre ville où il résidait momentanément. Ainsi, en 773, une de ces assemblées eut lieu à Genève, d'où Charlemagne partit pour aller combattre les Lombards.
C'était dans ces réunions que le souverain soumettait à l'examen et à la délibération des grands de l'Etat les articles de loi nommés Capitulaires. Commes les évêques étaient les principaux conseillers de la couronne, et qu'ils siégeaient en plus grand nombre dans les assemblées nationales, presque tous les capitulaires furent rédigés dans l'intérêt des évêques. Charlemagne constitua ainsi cette aristocratie épiscopale, qui, pour des siècles, devint le régime dominant de l'Eglise.
Cependant, les guerres continuelles de ce grand homme et ses travaux législatifs ne lui firent point oublier la restauration des lettres, des sciences et des arts. Chacune de ses expéditions en Italie fut marquée par un nouvel effort pour faire participer ses sujets aux connaissances qui s'y étaient conservées. Il ramenait avec lui d'Italie des maîtres qu'il répandait dans toutes les parties de ses Etats pour enseigner les lettres anciennes et la science de calcul. Il orna Aix-la-Chapelle, sa nouvelle capitale, de marbres et de sculptures qu'il fit apporter d'Italie; il favorisa le commerce, voulut joindre par un canal le Rhin au Danube, et accorda tous ses soins à l'agriculture.
Enfin, rien ne paraissait manquer à la gloire de Charlemagne, lorsque rappelé à Rome pour protéger le pontife Léon III contre un soulévement du peuple, il fut couronné par ce pape empereur des Romains, le 1er janvier de l'année 800.
Ainsi fut renouvelé l'empire d'Occident, trois siècles après sa chûte. Mais ce nouvel empire portait dans son sein des germes de destruction. "Malgré le génie de l'Empereur, malgré l'ordre qu'il avait cherché à ramener dans ses Etats, malgré la vaste système d'administration qu'il avait essayé de fonder, le désordre était autour de lui immense et invincible. Dans les provinces, malgré la surveillance des missi, les ducs, les comtes, les centeniers, les échevins étaient impuissants ou n'obéissaient pas, favorisés qu'ils étaient dans leurs désordres par l'éloignement de l'Empereur. Trente années de guerre avaient épuisé les populations, sans cesse appelées à marcher aux extrémités de l'Empire. Autorisé à se racheter du service militaire, l'homme libre fut conduit à emprunter sur sa terre ou à la vendre; les prélats et les grands devinrent bientôt les seuls propriétaires du sol; les esclaves seuls furent employés à l'agriculture, et bientôt le propriétaire du sol ne trouvant plus son profit à produire les denrées que personne n'avait besoin d'acheter, chercha le genre de culture qui demandait le moins de bras; les esclaves eux-mêmes disparurent, et le désert et le pâturage prirent la place des champs. Ainsi déclinait cet empire si prospérant, si constamment victorieux, lorsque Charlemagne, après un règne de quarante-six années, mourut en 814, à l'âge de soixante et onze ans4."
LOUIS-LE-DEBONNAIRE, le seul fils qui survécût à Charlemagne, reçut la couronne de l'Empire. En montant sur le trône ce prince apporta un vif désir de réforme et de justice, et voyant que ses états étaient trop vastes pour dépendre d'une seule volonté, il associa à la couronne ses fils Lothaire, Louis et Pepin. Cependant, l'harmonie cessa bientôt de régner entre l'Empereur et ses fils. Le Débonnaire devint l'esclave aveugle des volontés de sa seconde femme, Judith de Bavière; il traita ses trois fils comme de simples lieutenants de ses états, qu'il pouvait destituer à volonté.
Ses fils se révoltèrent; ils réunirent de puissantes armées et marchèrent contre leur père. Les soldats de l'Empereur l'abandonnèrent et passèrent dans le camp de ses fils. Les évêques le trahirent aussi, et devant le peuple et l'armée, réunis à Soissons en novembre 833, ils le forcèrent à réciter une confession de ses prétendus crimes, et à déposer sa ceinture impériale; ils lui firent revêtir l'habit de pénitent, et le déclarèrent indigne de régner. Enfin, les évêques transmirent le pouvoir à ses enfants, et Lothaire fut proclamé empereur. Le malheureux Louis fut conduit à Aix-la-Chapelle, et le fils que lui avait donné Judith de Bavière, Charles-le-Chauve, âgé de dix ans, fut enfermé dans le couvent de Pruym.
Cependant, les grands de l'Empire s'aperçurent bientôt que les fils de Louis-le-Débonnaire n'étaient pas plus dignes que leur père de porter la couronne; ils se révoltèrent et exigèrent que le vieil empereur fût mis en liberté et replacé sur le trône. Mais le Débonnaire eut de nouvelles guerres à soutenir contre ses fils; il eut des insurrections à réprimer; il fut attaqué par les Normands qui débarquaient sur les côtes de l'Océan, et par les Sarrazins qui désolaient les bords de la Méditerrannée. Enfin, trop faible pour régner, il ne songea point à maintenir son pouvoir; il se voua à la dévotion; il combla l'Eglise de ses bienfaits, et les étendit même jusqu'à l'évêché de Lausanne5.
Après un règne signalé par une suite de malheurs, Louis mourut dans l'année 840. Ses fils et ses petits-fils se disputèrent l'Empire, et dans une grande bataille qu'ils se livrèrent, le 23 juin 841, dans les champs de Fontenoi, les vainqueurs et les vaincus perdirent presque toute leur armée, et laissèrent plus de quatre-vingt mille morts sur le champ de bataille. Après cette horrible boucherie les princes traitèrent et se partagèrent l'empire. LOTHAIRE reçut en partage l'ancien royaume des Bourguignons, CHARLES-LE-CHAUVE la partie des Gaules qui prit le nom de France, et LOUIS-LE-GERMANIQUE prit la couronne d'Allemagne. Mais, indignes descendants des Carlovingiens, ces rois se montèrent lâches et incapables de gouverner, et laissèrent le pouvoir aux évêques et aux comtes. Ces dernier, dont les fonctions administratives et militaires n'étaient pas héréditaires, devinrent propriétaires des villes et des districts qu'ils gouvernaient, et se rendirent de plus en plus indépendants. Ils commencèrent à fortifier leurs demeures, et bientôt ils furent imités par la plupart des bénéficiaires, par les abbés qui entourèrent leurs couvents de fortifications, et enfin par les villes.
Charles-le-Chauve, roi de France, voulut s'opposer à ces constructions menaçantes pour le pouvoir royal, et dans un plaid assemblé à Piste en 864, il rendit un capitulaire, dernier effort de la royauté pour combattre la féodalité naissante, et ordonna de raser toute fortification qui aurait été construite sans son expresse premission. Mais ce capitulaire ne put nulle part être mis à exécution; le territoire de l'Europe se hérissait de fortifications, et le pouvoir des rois Carlovingiens n'était que nominal, lorsque, en 885, CHARLES-LE-GROS, unique rejeton de la race de Charlemagne, réunit de nouveau sous le même sceptre les états de ce grand homme. Mais l'édit de Kiersy, en 877, avait déclaré l'office de comte héréditaire. Alors les comtes se rendirent indépendants de la couronne; et de bénéficiaire qu'il était, chaque comte devint souverain de son comté et n'eut plus dans ses domains d'autres règles que son intérêt ou son caprice.
Enfin, en 887, le dernier coup fut porté à la dynastie de Charlemagne: une diète des prélats de Germanie, assemblée à Tribur, sur le Rhin, déclara Charles-le-Gros indigne du trône, et le déposa. Ce fut le signal de la dissolution de l'Empire, qui, peu d'années après la déchéance de Charles-le-Gros, fut partagé en sept royaumes, dont plusieurs avaient été constitués pendant les dernières années du règne de cet empereur6.
ROYAUME DE FRANCE: pays compris entre l'Escaut, la Meuse, la Saône, le Rhône, le Pyrénées et l'Océan; CHARLES-LE-SIMPLE, roi en 893.
ROYAUME DE NAVARRE: pays compris entre les Pyrénées et l'Ebre; FORTUN-LE-MOINE, roi en 880.
ROYAUME D'ARLES ou de Provence: pays compris entre le Rhône, les Alpes et la Méditerrannée; LOUIS-L'AVEUGLE, roi en 890.
ROYAUME DE BOURGOGNE-TRANSJURANE: pays compris entre le Jura, les Alpes Pennines et l'Aar, c'est-à-dire une partie de l'Helvétie, le Valais, le Pays de Vaud, le Genevois, le Chablais; et de l'autre côté du Jura, la Bresse et la Franche-Comté; RODOLPHE Ier, ou RAOUL, roi en 888.
ROYAUME DE LORRAINE: pays compris entre le Rhin, la Meuse et l'Escaut; ZWENTIBOLD, roi en 895.
ROYAUME D'ALLEMAGNE: pays compris entre le Rhin, la Mer du Nord, l'Elbe, l'Oder et les Alpes. Toute l'Helvétie, dès la rive droite de l'Aar, faisait partie de ce royaume; ARNOUD ou ARNOLPHE, roi en 888.
ROYAUME D'ITALIE: toute l'Italie jusqu'à la frontière du royaume de Naples, alors principalité de Bénévent et de Calabre; BERENGER Ier, roi en 888.
1Sismondi, Hist. des Français, VIIIe siècle.
2Annales d'Eginhard. Guizot, Hist. de la civilisation, XIXe leçon.
3Sismondi, Hist. des Français, VIIIe siècle.
4Sismondi, Hist. des Français, IXe siècle.
5CHARTE DE L'EMPEREUR LOUIS-LE-DEBONNAIRE A NOTRE-DAME DE LAUSANNE:
Au nom de Notre Saveur et Seigneur Jésus-Christ, Louis, par la volunté de la Providence, Empereur Auguste.
Comme nous avons foi que tout ce que nous faisons pour l'avantage des serviteurs de Dieu nous sera compté dans la récompense éternelle, qu'il soit notoire à tous présents et à venir qu'il nous a plu de céder à Notre-Dame de Lausanne (dont l'évêque Fréderic est le chef par la volunté de Dieu), pour la congrégation qui y existe et pour lui venir en aide, quelques-uns des biens qui sont notre propriété, et de confirmer ces donations par le présent acte, savoir:
Une certain demeure (cellula), dite la Baumette, que est dans le pays (pagus) de Lausanne, et au-dessus de la Venoge, et construite en l'honneur de St Didier, avec une portion qui nous est due à Ferreyres, auprès de la villa nommée Eclépens (Sclepedingus), avec la forêt de chênes, dite Maurmont, ayant environ vingt fonds colonaires (colonica, colonges), avec les églises, maisons, édifices, serfs, colons, terres, vignes, près, pâturages, bois, eaux et courants d'eaux, donnant ce qui est acquis et ce qui est à acquérir, et tout ce qui, en ces lieux, parait être notre juste possession.
Nous faisons donation en droit de tout cela dès aujourd'hui et pour toujours à la sainte Eglise de Lausanne pour subvenir aux besoins des frères qui servent Dieu dans ce pays et pour nourrir les pauvres, afin que pour les temps futurs, notre aumône, Dieu aidant, profite à bien.
Nous enjoignons aux recevants qu'aucun fidèle, soit de la Sainte Eglise, soit des nôtres, ne fasse des réclamations à l'égard de la prédite Eglise ou de ses recteurs, ou qu'il ne leur cherche quelque querelle; mais qu'au contraire les dits recevants puissent posséder perpétuellement et de droit toutes ces choses comme il est dit plus haut, et qu'ils les tiennent en tout temps sans aucun changement quelconque.
Afin que la présente donation demeure inviolable à jamais, qu'elle obtienne plus de créance auprès des fidèles de l'Eglise de Dieu, et qu'ils l'observent mieux, nous avons signé la dite pièce de notre propre main, et avons ordonné qu'elle fut revêtue de notre sceau. Donné le 5 de Cal. d'Aoust, l'an premier de notre règne par la grâce de Dieu. Indiction VII. 27 juiller 815. - (Cartulaire de Lausanne)
6Guizot, Hist. de la civilisation, XXIVe leçon.