Berne s'empare de Chillon et de la souveraineté temporelle de l'évêque de Lausanne. - Nouvelle administration. - Les bailliages. - Réclamations des villes et des communes pour la conservation de la religion catholique, de leurs libertés et franchises. - Résistance de Lavaux. - Protestations de Lausanne. - La rançon du Pays-de-Vaud, de la baronnie de Gex et du Chablais.
L'invasion du Pays de Vaud, de la baronnie de Gex et du Chablais, avait produit une vive inquiétude dans les états de la Confédération, et attiré l'attention des deux puissants monarques qui se disputaient la prééminence en Europe. Les cantons réformés, redoutant les conséquences funestes que pourrait avoir pour la Suisse l'audacieuse agression de Berne contre une état souverain vassal de l'Empire, se réunirent en diète dès les premiers jours de février, et sommèrent les Bernois de suspendre leurs hostilités contre la maison de Savoie. A la nouvelle de ces hostilités, Charles-Quint chargea M. de Marnold, son abassadeur en Suisse, d'engager les cantons à rester neutres dans ses querelles avec François Ier, d'inviter les Bernois à soumettre à la décision impériale leurs différends avec la maison de Savoie, et même de les menacer des armes de l'Empire s'ils persistaient dans leur injuste agression contre un souverain, son vassal, son allié et son parent. Quant à François Ier, il interposa ses bons offices en faveur de l'évêque de Lausanne, et chargea son ambassadeur M. de Boisrigaud, de demander à Berne libre passage pour des lansquenets qu'il avait pris à son service.
Ni les sollicitations les plus pressantes de ses confédérés, ni les menaces du puissant empereur, ne purent arrêter Berne dans ses voies audacieuses, et loin d'abandonner ses provinces conquises, elle prit des mesures qui annonçaient l'intention de les conserver; elle reforçait les garnisons des places fortes de Vaud et du Chablais; et partout protégeait les prédicants réformés. Toutefois, elle parut céder : elle feignit d'accepter la médiation des cantons et de se soumettre à la décision de l'Empereur; enfin, elle accorda au roi de France le passage de ses mercenaires allemands, mais, passa sous silence tout ce qui concernait l'évêque de Lausanne. Par ces concessions illusoires, Berne se mettait en mesure de prendre une décision pacifique ou hostile, suivant la tournure des événements qui se préparaient en Italie.
Ces événements ne se firent longtemps attendre. Pendant que les députés des cantons entraient en négociation avec le duc de Savoie, pendant que les ministres de Charles-Quint examinaient la nature des griefs des Bernois contre le duc, on apprit que François Ier venait de jeter le masque : son armée franchissait les Alpes, le 6 mars, envahissant le Piémont, s'emparait de Turin, et voyait Charles-le-Malheureux fuir devant les étendards français.
Berne, alors, jeta aussi le masque; elle résolut d'anéantir la puissance de Sébastien de Montfaucon, prince-évêque de Lausanne, et donna l'ordre au général Naegueli d'emporter la fortresse de Chillon, d'où Beaufort ne cessait de braver les Bernois.
Le 21 mars, Lausanne apprit que Naegueli s'avançait à la tête des troupes bernoises. Cette nouvelle fut un coup de foudre pour l'Evêque, et porta à son comble la confusion et l'anarchie qui régnaient à Lausanne depuis l'époque de l'invasion. Le réformateur Pierre Viret, amené dans cette ville par les arquebusiers lausannois, à leur retour du siège d'Yverdon, avait vu les portes du cloître de St François s'ouvrir devant lui, par la violence de ces arquebusiers. L'Evêque, les conseils, la grande majorité des citoyens, avaient vu avec indignation ce prédicateur réformé monter dans une chaire romaine, et une poignée de novateurs exaltés profaner les saints lieux, briser les images vénérées, sans qu'ils encourussent les punitions qu'ils méritaient. Aussi, à l'approche des Bernois, l'Evêque, voyant la terreur de ses partisans, l'audace des réformés et la faiblesse des conseils, quitta son château de St Maire et se réfugia et Italie.
Le 24 mars, jour de la fuite de l'Evêque, un lieutenant de Naegueli arrive à Lausanne, signifie aux conseils l'approche de l'armée bernoise, et réclame libre passage sur les Terres-de-l'Evêché, à Lavaux. Lutry, qui n'avait pas oublié les menaces de Naegueli au suject du mauvais traitements que naguère le ministre Michel avait essuyés à son passage à Lavaux, reprend aussitôt le procès des accusés dans cette affaire, réclame l'intervention de Lausanne auprès du général bernois, et «pour mieux se recommander, envoie à Messieurs de Lausanne huit écus, à savoir six en espèces, et deux pour faire un repas, sans parler des testons à distribuer à quelques particuliers1.» Le conseil de Lausanne n'accepte point ces offres, mais «envoie en hâte, à ses bons amis de Lutry, le banneret Gindron et Aubert de Loys pour les garder, ainsi que le prieur, les moines de Lutry et le seigneur de Corsier, M. de Prez, qui tous demandaient protection2.»
Le 26 mars, les troupes bernoises évitent Lausanne et descendent directement à Lutry, où elles dînent. Le conseil de cette ville verse en abondance du vin aux Bernois; les bourgeois participent à ces libations; les têtes s'échauffent; des discussions on passe aux injures, aux coups, et dans le tumulte plusieurs Bernois sont blessés; l'un d'eux reste sur la place. Lutry s'attend à une vengeance sanglante; mais Naegueli, voyant la flotille de Genève faire force voiles dans la direction de Vevey, hâte la marche de ses troupes, et investi Chillon dans la soirée du même jour.
Genève avait quatre de ses compatriotes renfermés dans les souterrains de ce fort; l'un d'eux, le célèbre Bonivard, prieur de St Victor, y gémissait depuis six ans dans les fers. Aussi, Genève s'empressa-t-elle de prendre part au siège de Chillon, en y envoyant plusieurs barques armées d'artillerie.
Le 28, au matin, les barques canonnières de Genève ouvrirent le feu sur le fort, tandis que l'artillerie bernoise le battait du côté de Montreux. La canonnade, à laquelle les assiégés répondaient avec vigeur, continua pendant toute la journée; mais le soir, le fort demanda à capituler. Pendant les pourparlers relatifs aux conditions de la reddition de la place, Beaufort, profitant de la nuit, parvint à se dérober par le lac avec une partie de la garnison; il débarqua à la Tour-Ronde, jeta son artillerie à l'eau, mit le feu à ses embarcations et se retira sur les hautes montagnes du Faucigni. Les Genevois délivrèrent leurs compatriotes et les ramenèrent en triomphe dans leur ville.
Après la prise de Chillon et la soumission de St-Légier et de la Chiésaz, qui avaient rendu hommage à Fribourg, Naegueli donna l'ordre à ses troupes de marcher sur Lausanne. Girard Métral, avoyer de Payerne, avait assisté à la prise de Chillon et vu l'irritation des Bernois contre Lutry. Aussi, il engagea le conseil de cette ville à envoyer au général une députation avec des présents. Des députés partirent aussitôt avec «deux tonneaux de vin, trois d'avoine, deux moutons, des poules et des chapons, autant qu'on avait pu en trouver3.» Non-seulement ces présents furent repoussés, mais la députation ne fut pas même admis.
Le 31 au matin, l'armée franchit la Veveyse. Les Quatre-Paroisses sont sommés de rendre hommage; St-Saphorin hésite, mais se soumet enfin; Lutry demande terme jusqu'au coucher du soleil, pour avoir le temps de consulter les communautés de son ressort. Sur les menaces de Naegueli, le conseil de Lutry, «pour éviter feu et carnage, accepte d'être à Berne.» Toutefois, les conseillers protestent que si les communautés ne voulaient pas se soumettre, «cela ne devait pas porter préjudice aux membres du conseil;» ils protestent pour la conservations de leurs libertés écrites et non-écrites, et à ces conditions ils offrent le serment. Naegueli accepte, mais exige que les communautés se prononcent et envoient, avant le coucher du soleil, leurs délégués à Lausanne, pour faire acte de fidélité. Le général ajoute que quant à l'affaire du meurtre de ses soldats, LL. EE. en décideraient; puis il se dirige sur Lausanne.
L'armée bernoise fait son entrée solennelle dans la Ville Libre et Impériale, où elle reçoit les félicitations et les plus grands honneurs des conseils et de la magistrature. Le soir de ce même jour, de nombreuses députations de chaque communauté de Lavaux sont présentées à l'état-major bernois, par deux conseillers de Lausanne; elles font leur soumission, et prêtent serment de fidélité à Berne, «leurs franchises et leur foi réservées.»
Le lendemain, 1er avril 1536, les illusions qui dès longtemps égaraient Lausanne, s'évanouirent à jamais. Naegueli, à la tête de ses troupes, monte au château de St Maire, fait renverser les écussons de la maison de Montfaucon et les insignes de la puissance épiscopale, et arbore à leur place le drapeau aux couleurs rouge et noire, et l'effigie de l'ours; il prononce la déchéance du Prince-Evêque, et proclame la ville de Berne souveraine de tous les droits du temporel, reconnus aux évêques du diocèse de Lausanne. Cet acte audacieux plongea dans la consternation la plus profonde les conseils et la bourgeoisie. Une nombreuse députation vint réclamer contre cet acte attentatoire au traité de combourgeoisie qui unissait Berne et Lausanne. Mais ce fut en vain; Lausanne, par ses irrésolutions, par sa faiblesse, avait perdu tout droit d'être écoutée, et naguère ville libre et impériale, elle devait désormais obéir à la bourgeoisie de Berne. Naegueli répondit qu'il n'avait point de pouvoirs pour traiter, que des commissaires arriveraient bientôt de Berne, et qu'en attendant, il avait l'ordre de se mettre en lieu et place de l'Evêque pour tout ce qui concernait le temporel; que quant au spirituel, il s'engageait à protéger également les deux cultes chrétiens.
Témoins de cet acte d'hostilité, non-seulement contre l'Evêque, mais aussi contre l'Empereur suzerain de ce prélat et de la ville de Lausanne, les députés des cantons réformés, alors réunis dans cette ville pour chercher à concilier Berne avec ses ennemis, résolurent de cesser des conférences désormais inutiles, et écrivirent à Berne en ces termes :
Vainement nous avons fait notre possible et avec grand peine, coût et travail, pour amener les esprits à une pacificaiton; nous n'avons rien obtenu, sinon de connaître que pour le présent nous ne devons plus mêler de cette affaire. Glaris et Appenzel n'ont point paru. Fribourg et Valais ne se sont point montrés de peur de partager avec vous la solidarité de la guerre. Vous avez envoyé vos députés avec le mandat de ne faire que prêter l'oreille et de ne faire qu'opposition. En ces circonstances, il ne nous reste, pour n'avoir couru en vain, que de vous prier de réfléchir mûrement à la nature inconstante des choses humaines, de peser les conséquences que cette affaire peut avoir pour notre patrie, et de consentir à ce que Zurich convoque une diète, qui sera mieux placée que nous le sommes pour travailler à un arrangement. Vous enverrez vos députés avec de pleins-pouvoirs, afin qu'on ne s'assemble pas pour ne rien faire. C'est dans ce sens que nous écrivons au Duc et à tous les cantons. A Lausanne, ce 1er avril. Les arbitres députés de Zurich, Bâle, Schaffhouse, St-Gall et Grisons4.
Après la déclaration de Naegueli, qu'il s'engageait à protéger également les deux cultes chrétiens, les réformés demandèrent au Deux-Cent de Lausanne qu'il leur fût permis de faire profession ouverte de leur religion. Le 4 avril, le Deux-Cent s'assembla à ce sujet, et après maintes récriminations sur les excès des réformés, tels que le bris des images, les profanations des églises, et les prédications en plein-vent, et même dans les tavernes, le Deux-Cent décida que le couvent des Dominicains de la Madelaine serait accordé aux luthériens, mais qu'il leur serait défendu de prêcher dans les carrefours et dans les tavernes. Les dominicains ayant réclamé contre cette décision, le Deux-Cent prit la résolution suivante :
Considérant que les frères de St Dominique du couvent de Marie-Madelaine ne sont point empêchés de faire leur service comme à l'ordinaire, l'heure seule exceptée à laquelle le ministre (Viret) prêche l'Evangile, le conseil à unanimement résolu :
Depuis le plus petit jusqu'au plus grand, tous doivent vivre en paix, honnêtement, amiablement;
Item. Aucune personne ne doit en offensir une autre par injure, ni par voie de fait pour cause de religion;
L'église construite sous le nom de Marie-Madelaine est appropriée à la prédication de l'Evangile. Les autels, les formes et les orgues ne faisant de mal à personne, et n'empêchant personne d'entendre la parole de Dieu, y demeureront entiers et sans démolitions :
Les frères de St Dominique habiteront leur couvent sous la sauve-garde de la ville de Lausanne, honnêtement, vertueusement, religieusement, célébrant la messe, chantant, faisant l'office divin et administrant les sacrements à la manière accoutumée. Deux avoués, François Giraud et Pierre Menétrier, leur sont donnés pour les protéger;
Toute nouveauté, toute violence et tous actes volontaires doivent cesser, et les objets enlevés par les novateurs doivent être apportés au conseil.
L'assemblée est liée par serment à l'observation de la présente ordonnance5.
Après avoir assuré l'autorité de Berne sur les Quatre-Paroisses-de-Lavaux et le temporel de l'Evêque, Naegueli garda auprès de lui une forte garnison dans le château de Lausanne, et envoya ses troupes s'emparer des autres places et seigneuries des Terres-de-l'Evêché. Le château de Lucens ouvrit ses portes. Avenches, sommée de se rendre, refusa, «voulant demeurer fidèle à l'Evêque son seigneur, et disant qu'on n'avait donné aucun sujet aux Bernois de les attaquer. Mais comme on eut menacé les habitants de leur faire éprouver les rigueurs de la guerre, ils se soumirent et prêtèrent serment de fidélité à l'Etat de Berne6.»
Pendant ces opérations militaires, une commission de six membres, MM. Graffenried, Augsburger, Cyro, Luternau, Weingarten et d'Erlach, revêtue de pleins-pouvoirs, parcourait les provinces conquises et y organisait le gouvernement bernois.
Cette commission replit son mandat à Cudrefin, à Grandcour et à Payerne, y confirma les autorités que Naegueli y avait établies à l'époque de l'invasion dans le mois de février, et se rendit ensuite à Yverdon.
Cette ville, en soutenant un siège contre les armes bernoises, avait encouru la disgrâce de LL. EE. Aussi fut-elle traitée avec rigueur. Le clergé et les autorités, mandés devant les commissaires, reçurent l'injonction «de soumettre la messe et tout le reste dans une dispute régulière contre maître Lecomte, le ministre de Grandson, et contre Thomas Malingre, nommé par LL. EE. ministre à Yverdon.» Le clergé refusa la dispute, et le conseil supplia les commissaires de laisser aux Yverdonois la religion et la foi de leurs pères. Mais sans avoir égard à ces supplications, et se fondant sur l'un des articles de la capitulation du 24 février, les commissaires prononcèrent l'abolition du culte catholique dans Yverdon et son ressort, et lâchèrent sur les églises et les couvents une bande de réformés fanatiques. Alors, l'oeuvre de destruction commença : les églises furent envahies; la chapelle de Ste Marie à Clendi, celle de l'hôpital à Yverdon, celle de Cuarnay et de Pomy furent mises au pillage; l'image de la Ste Vierge, celle de St Légier, de St Martel, de St Antoine et maintes autres, objets de la vénération du peuple, furent arrachées de la grande église d'Yverdon, et brûlées sur la place publique au milieu de la consternation générale. Cet attentat aux croyances populaires avait lieu le 17 mars. Le même jour, dans l'après-midi, le ministre protestant, Jean Lecomte, prêchait l'Evangile dans l'église, «vidée de ces abominations.»
Cette oeuvre accomplie, les commissaires firent raser le château de Belmont, mirent une garnison dans celui de Ste-Croix, et reçurent la soumission de deux hauts fonctionnaires du duc de Savoie, Louis Chalet, commissaire des fiefs nobles, et Jaques Gaudin, procureur-fiscal du Pays de Vaud. Le sieur Galandaz, gouverneur7 de Molondins, et trente-neuf hommes des communes dépendantes du fort de St-Martin, dont on voit encore une tour entre Paquier et Molondins, vinrent prêter serment comme vassaux de Madame de Montricher. Les commissaires anéantirent les franchises et libertés des communes de l'Isle et Chavornay, vu la résistance qu'elles avaient opposée.
Le 22 mars, les commissaires arrivèrent à Romainmôtier, et sommèrent le monastère de reconnaître l'autorité de Berne. Le prieur, Théodule de Ride, qui peu de jours auparavant s'était placé sous la protection de Fribourg, dut souscrire une acte de reddition de son monastère à LL. EE., en présence de Jean de Valeire, de Christophe Hollard, et du notaire Quiodi. Le même jour, Claude Pollens, prieur de l'Abbaye du Lac-de-Joux, fit sa soumission et prêta le serment de reconnaître la suzeraineté de la ville de Berne8.
Le 23 mars9, les commissaires arrivèrent à Cossonay, assemblèrent l'ancien conseil de cette ville, et s'informèrent de la conduite de la prieur et des moines du prieuré. On leur en donna les renseignements peu favorables. Le lendemain, ils ordonnèrent au châtelain Nicolas Marchand de mettre le séquestre sur les biens de deux personnages qui avaient refusé de rendre hommage, M. de Gleresse, seigneur de Lussery et de Bavois, et M. de Lutry, mayor de la ville de Lutry, grand propriétaire à Cossonay et dans les environs. Les commissaires nommèrent quatorze personnes qui devaient composer le Petit Conseil de Ville, et former, en même temps, la Cour de Justice. Ces quatorze ne devaient fonctionner qu'en présence du lieutenant-ballival, soit châtelain, qui lui-même devait faire partie du conseil et le présider. Nicolas Marchand fut nommé lieutenant-ballival ou châtelain. François Marchand, François de Sévery, Pierre de Ladaysaz châtelain du Vullierens, Jean Masson, Jaques Pittet, Pierre Favey, V. Barrillier, Cl. Charrière, Cl. Pranleloup banneret, P. Solliard, Cl. de Lucinge et J. Favey, furent nommés membres du conseil et assermentés. Il fut interdit au châtelain et au greffier de participer aux jugements de la cour. Les commissaires annoncèrent à celle-ci que le châtelain de Cossonay, ainsi que tous les autres châtelains du Pays de Vaud, serait subordonné au Bailli de Vaud que LL. EE. se proposaient d'établir à Moudon ou à Yverdon; que les appellations pour Cossonay continueraient à y avoir lieu; que le châtelain devait porter à Berne une copie des franchises et des coutumes de Cossonay, pour qu'on les corrigeât; que, jusqu'à décision ultérieure, le sceau de la châtellenie ne serait pas supprimé; enfin, que la cour des Quatorze nommerait un Grand-Conseil de vingt-quatre membres, remplaçant le conseil général des bourgeois, supprimé par LL. EE. Les commissaires défendirent au mestral Marchand de tenir sa cour jusqu'à nouvel ordre, et aux gens de Cossonay de rétablir dans l'église les images qui en avait été enlevées10, LL. EE. voyant avec plaisir que les gens de Cossonay se résignaient. La commission mit au séquestre les biens des chapelles que le duc de Savoie avait dans la ville et ceux de la commanderie de l'ordre de Malte à La-Chaux; elle saisit les titres et les documents des églises; elle enjoignit aux prieurs et aux moines de se mieux conduire à l'avenir; enfin, elle termina ses opérations en faisant prêter serment aux conseillers et aux justiciers devant toute la communauté assemblée.
Les commissaires suspendirent leurs opérations pour assister au siège de Chillon et à la prise de possession du château de Lausanne, et parcoururent ensuite les villes et les villages de la Côte, procédant comme ils l'avaient fait à Cossonay. Quelques communes et des châteaux furent désarmés; les biens de plusieurs seigneurs, hostiles au nouvel ordre de choses, confisqués ou séquestrés; l'administration des couvents fut remise à des agents bernois, l'admission de nouveaux religieux défendue, ainsi que les quêtes faites par des ordres mendiants; enfin, défense aux ecclésiastiques de rien avancer dans leurs prédications qu'ils ne puissent prouver par l'Evangile. Après avoir prononcé la confiscation des biens des seigneurs de Rochefort, de Mestral d'Arrufens, d'Allinges, de Beaufort gouverneur de Chillon, et de ceux que le Mayor de Lutry possédait à la Côte, les commissaires procédèrent ensuite de la même mannière dans le pays de Gex et dans le Chablais. «Nous ne pûmes être grâcieux à Gex avec le peuple,» remarquent les commissaires dans leur rapport, «car les gens du pays de Gex sont un peuple de col roide, aussi nous avons dû leur parler sévèrement.»
Les commissaires, arrivés à Genève, voulurent procéder comme à Lausanne, quant aux droits temporels de l'Evêque et à ceux de la maison de Savoie. Mais les conseils de Genève répondirent : «Quant aux châteaux et aux terres de l'Evêque nous les avons pris de bonne guerre, et Berne ne peut se fâcher de ce que nous les gardions. Quant aux droits du duc de Savoie, il s'en est dépossédé par ses torts, nous les gardons! Quant au reste, Berne trouvera toujours les Genevois ses très-humbles serviteurs....» Ce langage, tenu en plein conseil par les représentants de citoyens unis pour l'indépendance de leur patrie, en imposa aux commissaires bernois. Aussi ils n'insistèrent pas; mais «nous n'en sommes pas moins partis de Genève très-mécontents» dirent-ils dans leur journal.
Après avoir organisé le Chablais, la commission, continuant sa mission, débarqua à Chillon, établit le nouveau gouvernement à Montreux, à Vevey, à Corseaux et dans les Quatre-Paroisses, et ordonna au conseil de Lutry d'envoyer, dès le lendemain à Lausanne, «six des plus apparents du conseil.»
Le lendemain, 21 avril, «se présentèrent de la part de Lutry, F. Blanchet, Jean Dumur, Séchaud, Patolier, G. Carrard et S. Marsens, qui furent longuement interrogés sur l'affaire du ministre Michel et sur le meurtre du soldat bernois.» Après cette enquête, la commission prononça la sentence suivante :
«1o Les habitants de Lutry paieront la dépense des malades et les barbiers qui les ont pansés.
«2o Ils paieront 100 écus d'or au soleil aux parents du soldat qu'ils ont tué, 20 à l'homme qui a été blessé aux jambes, 15 à celui qui l'a été au nez, 3 à un quatrième qui dit avoir reçu trois coups de pierre.
«Et comme les députés n'ont pas voulu nommer les coupables, lettres leur ont été données pour qu'ils puissent poursuivre, sur ceux qu'ils reconnaîtront coupables le recouvrement des sommes susmentionnées.
«Quant à l'affaire du ministre des Ormonts, maltraité par le moine de Lutry, il sera payé : 100 livres au ministre, 40 à l'hôte qui l'a acceuilli à Aigle, 10 de plus que les 16 livres qu'il a déjà reçues, au barbier maître Gonin, qui lui a donné des soins11.»
Les commissaires agirent avec une extrème prudence à Lausanne, laissant cette ville se bercer encore d'un vain espoir d'indépendance. Ainsi : ils confirmèrent dans leurs fonctions toutes les autorités épiscopales; ils laissèrent subsister les anciens rapports entre la ville et le château, comme aux temps des évêques; même, ils n'exigèrent point des Lausannois le serment de fidélité que partout ils avaient imposé dans les provinces conquises. Mais, cet espoir d'indépendance fut de bien courte durée. A peine les commissaires furent-ils de retour de leur mission, que Berne supprima le Baille de Vaud, tous les hauts fonctionnaires vaudois, toutes les autorités épiscopales; elle divisa en plusieurs bailliages les nouvelles provinces, supprima les Trois-Etats de Lausanne, abolit de fait les Etats de Vaud, interdit toutes les assemblées générales du peuple, entrava l'exercise du culte catholique, tandis que les baillis eurent pour mission de protéger en tous lieux les prédications des ministres de la religion réformée.
L'ordonnance suivante annonça au Pays de Vaud la perte de sa nationalité :
Nous l'Advoyer, Petit et Grand Conseil, nommés les Deux-Cents des Bourgeois de Berne, mandons et ordonnons :
Après avoir, en la dernière guerre, conquesté plusieurs villes, châteaux, pays et paysans, lesquels solaient être au duc de Savoie et avoir acquis auusi les seigneuries, villes et pays sujets d'un évêque de Lausanne, les seigneurs de Berne s'étant assemblés, ont résolu de maintenir par l'épée ce qu'ils ont gagné par les armes. A cet effet, et pour juste gouvernance d'iceux pays, pour y administrer la justice et pour y gouverner les sujets, ils ont ordonné huit baillis :
George Zumbach, dit Rubelmann, demeurera bailli à Yverdon, où il est aujourd'hui commandant de place.
Jean Frisching ira à Moudon. Il aura sous sa dépendance Cossonay, Morges et la Côte tout entière.
Sébastien Naegueli régira Lausanne et les trois paroisses de La Vaux. Le lieutenant baillival qui lui sera subordonné, résidera à Lucens, et aura sous lui Villarzel l'Evêque, et les terres qui appartiennent à l'évêché.
Antoine Tillier ira à Avenches.Augustin de Luternau établira sa demeure à Chillon, et aura la préfecture de Vevey.
Rodolophe Naegueli aura sous ses ordres Thonon et le Chablais.
Simon Faerber (ou Wurtemberger) sera bailli à Ternier.
Jean-Rodolphe d'Erlach sera bailli à Gex.
Michel Augsburger sera trésorier des nouveaux pays. Comme tel il en percevra les revenus et recevra les appels des jugements portés par les cours baillivales.
Trois seigneurs du conseil, à savoir Jean-Rodolphe de Graffenried, Jn.-Fr. Naegueli et Jean-Rodolphe son frère, sont nommés commissaires de Berne, pour aller mettre à exécution cette ordonnance et pour installer nos nouveaux baillis.
Les commissaires achèveront de renouveler ou de confirmer de ville en ville les emplois du police et de magistrature.
Ils laisseront les habitants à leurs coutumes; toutefois ils feront informer sur ces coutumes et les feront rédiger par écrit, pour que si en icelles se trouvent mésus contre l'équité, iceux soient améliorés.
Ils établiront dors et déjà que, comme partout il est d'usage, chacun puisse besogner en justice par procureur, lorsqu'il ne pourra comparaître personnellement. Touchant les notaires, ils ordonneront qu'en tous lieux les actes publics se fassent à l'avenir en langue romande.
Il est de plus ordonné que chacun de nos baillis fera venir par devant lui tous les notaires de sa gouvernance, qu'il élira les plus idoines et les plus savants, puis les assermentera, puis leur commandera de faire tous écrits en romand, sous le scel baillival, avec leur signets. Et ne recourront plus les notaires aux signets de Rome, aux prêtres et clers qui ne sont ordonnés pour écrire, voire auxquels il est défendu de se mêler de l'office de notaire, ains s'en déporter. Entendu que par ceci n'est rien ôté aux gentils-hommes ou autres qui ont justice et lods.
Quant aux lods, ou droits de mutation, les baillis les devront tous sceller, et n'en rien laisser à personne ni en prendre eux-mêmes aucune part que nous n'en ayons fait déclaration.
Quant aux cens, ventes, dimes et revenus d'un chacun lieu, ils doivent et peuvent en donner charge à leurs châtelains, et du tout nous rendre bon compte.
Touchant les frévalues12, et amendes résultant d'icelles, il en sera comme du passé; et doivent les baillis mettre par écrit de combien sont les dites amendes, et le faire connaître aux commissaires, qui ordonneront quelle part leur en doit parvenir.
Il est ordonné que par tous les pays conquêtés, villes, villages ou seigneuries, doivent être donnés et observés paix et assurance; et que les transgresseurs de cette paix soient amendés comme suit : Nommément, celui qui rompra la paix par paroles, à 25 florins; par oeuvre de fait, à 50; par effusion de sang, en perdant la vie. Et qui en tuera un autre, outre l'amende, sera puni et défait comme meurtrier.
Et pour castigation des mauvais et protection des bons, il est ordonné que les baillis, ensemble leurs officiers, puissent prendre et incarcérer méchantes personnes, combien qu'icelles n'auraient été proclamées, ou en trois procès acculpées.
Ainsi voulons, mandons et commandons. Donné à Berne ce 13 mai 1536.
Les commissaires chargés d'installer les baillis, et les baillis eux-mêmes, agirent avec dureté, blessant partout le sentiment national, et foulant aux pieds les libertés et les franchises dont les Vaudois jouissaient depuis des siècles. De toutes parts, des réclamations se firent entendre. Moudon, censuré au sujet d'une assemblée de bourgeois et de paysans des villages de son ressort, convoquée pour délibérer sur la question religieuse, réclama sur la perte de ses droits et de ses libertés, se plaignit des actes arbitraires du bailli Frisching, et donna les instructions suivantes à une députation chargée de présenter à Berne ses réclamations et ses plaintes :
Premièrement, les députés supplieront LL. EE. qu'il leur plaise de faire observer nos libertés et franchises, et de commander à M. le bailli Frisching de faire le serment tel que les autres baillis et officiers ont toujours fair par le passé.
Item, ils représenteront que nous avons entendu avec douleur, tant par M. le boursier Naegueli et M. le banneret Graffenried que aussi par M. le baille Frisching, que nos Très-Redoutés Seigneurs de Berne n'entendent point observer les prééminences à nous accordées quand nous fûmes reçus près de Démoret (le 25 janvier), et cela parce que nous avons tenu une assemblée de la chatellenie et ressort de Moudon, le lundi après Pâques, en quoi nous aurions agi contre nos serments et contre l'autorité de nos Seigneurs de Berne. Sur ce point, les députés supplieront la grâce de nos dits Seigneurs de vouloir entendre comment le Pays-de-Vaud, et nommément Moudon, a usé de beaucoup de libertés, écrites et non écrites, lesquelles les princes de Savoie ont approuvées et confirmées, et selon lesquelles, quant a été besoin pour la chose publique, ou que le prince ou ses officiers voulaient faire, ou avaient fait quelque chose de déraisonable our contre les libertés, alors la ville de Moudon, sans le vouloir ou sans le consentement d'aucun officier du prince de Savoie, mandait et assemblait tous les Etats du Pays, composés des ecclésiastiques, nobles et bonnes villes du Pays-de-Vaud. Et cela en vertu des dites libertés non écrites, et ce qui se prouvera quand besoin sera, car c'est chose notoire, publique et manifeste.
Les députés observeront de plus que lorque par l'ordre de M. Glane, seigneur de Villardin, alors bailli de Vaud, les nobles, paysans et sujets du ressort de Moudon, vinrent faire le serment et fidélité aux Seigneurs de Berne, il leur fut expressément réservé, au nom des dits Seigneurs, par le dit M. le Bailli, de les laisser en tel mode de vivre, telles libertés ecclésiastiques et temporelles, lesquelles nos Seigneurs de Berne les avaient trouvées, et que ne compellerait nul d'avoir prédicant réformé, si on ne voulait en avoir, et que c'est sous cette condition que nous avons fait serment. Mais que lorsque, le jour de Pâques, est arrivé un prédicant réformé, sans que personne de la ville ni de la terre de Moudon le voulût avoir, nous avons demandé à M. le bailli s'il avait fait venir, lequel a répondu que non. Alors que le conseil de Moudon a mandé ceux du ressort pour les avertir du cas, afin qu'ils ne tombent pas en noise avec ceux de la ville, et pour avertir les dits paysans de la venue du dit prédicant, et leur demander s'il leur plaisait l'avoir ou non. Que sur quoi ceux de la ville s'étant retirés à part, les dits paysans conclurent entr'eux, et puis vinrent dire à ceux de la ville qu'ils ne voulaient point avoir de prédicant, mais qu'ils voulaient vivre et mourir en la foi et loi de leurs pères. Que dans cette assemblée on n'avait fait aucun serment de ne pas aller ouïr la Parole de Dieu, mais seulement de rester chacun en sa liberté comme anciennement.
Les députés feront doléance et quérimonies sur Mons. le bailli Frisching, lequel contre nos libertés et mode de vivre a défendu au vicaire de Moudon de ne plus chanter et dire la messe à la grande église paroissiale, et de ce qu'on a ruiné cette église, et détruit tous les autels de la dite église, en laquelle on ne fait plus le divin office accoutumé; sur quoi ils supplieront les dits Seigneurs d'avoir égard13.
La résistance fut encore plus grande à Lausanne, contre l'installation des autorités bernoises. «Les esprits, dit Ruchat14, étaient dans une extrème agitation à Lausanne, à cause des propositions que leur faisaient les seigneurs de Berne de les reconnaître pour leurs sourverains à la place de l'Evêque. Outre que Messieurs de Lausanne se faisaient une grande peine de devinir sujets, d'amis et d'alliés qu'ils étaient, il leur fâchait encore infiniment de se voir sans évêque, et leur siège épiscopal sécularisé. Ils étaient toujours, la plupart, catholiques, et c'était pour eux une amère douleur de se voir privés d'un emploi (l'Evêque) qu'ils regardaient comme celui d'un grand pasteur, auquel ils pouvaient recourir en diverses occasions. D'ailleurs, ils faisaient attention à l'intérêt temporel de leur ville. La perte des tribunaux attachés à la cathédrale, entraînait nécessairement celle du commerce d'une infinité de personnes que leurs affaires amenaient à Lausanne pour diverses causes matrimoniales, bénéficiales et autres; cette perte y faisait une diminution considérable dans les revenus de la ville et de divers particuliers qui en vivaient.
«Quoique les Lausannois eusent reçu un bailli de Berne, ils ne prétendirent point pour cela être devenus sujets de cette ville. Ils firent quelques efforts pour se mettre en liberté en s'emparant de la juridiction civile qui avait appartenu à l'Evêque, et en établissant un tribunal de judicature composé de treize assesseurs, auxquels ils défendirent de prêter serment aux seigneurs de Berne. En même temps, ils envoyèrent des députés pour demander à LL. EE. :
«1o Qu'on ne transportât point ailleurs le siège épiscopal;
«2o Qu'on ne changeât point le sceau de l'official;
«3o Qu'on ne fît point de nouveaux règlements, ni de religion ni autres; puisque ce serait contre leurs libertés, de faire des statuts et des règlements sans le consentement des Trois-Etats de Lausanne : chose que jamais l'Evêque n'avait faite;
«4o Qu'on fît les actes en latin plutôt qu'en français, puisque le latin était plus connu partout;
«4o Qu'à l'égard de la foi, la bourgeoisie avait pris par deux fois la résolution de vivre dans l'ancienne religion, lassant toutefois la liberté d'aller écouter les ministres à ceux qui le souhaiteraient.
«Enfin, Messieurs de Lausanne concluaient par prier LL. EE. de les laisser dans leurs libertés temporelles et spirituelles.
«Les députés furent encore chargés de porter les plaintes suivantes contre les réformés :
«1o Qu'au lieu de faire tranquillement le service divin à leur manière dans le temple de la Madelaine, qu'on leur avait assigné, ils y avaient tout brisé, autels et images;
«2o Qu'ils étaient allés de là au temple de St François, où ils avaient fait la même expédition.
«Les députés devaient donc demander que LL. EE. punissent les auteurs de ces désordres, et qu'on en arrêtât le cours, comme on avait fait à Orbe et a Grandson.» (Manuel de Lausanne.)
Les Quatre-Paroisses-de-Lavaux protestèrent aussi sur les atteintes que l'on portait à leur libertés et à leur foi, et résolurent de se joindre à la députation de Lausanne; Avenches alla plus loin encore dans son opposition, car elle osa déposer son banneret, qui, étant partisan de la réforme, avait appelé un ministre.
Les Bernois reçurent les députés de Lausanne «avec politesse;» ils les apaisèrent par des paroles dilatoires et les engagèrent à être tranquillles, leur promettant «qu'on s'arrangerait avec eux de manière qu'ils puissent être contents.» Moudon reçut une réprimande; quant à Avenches, LL. EE. firent réintégrer de force le banneret destitué, et elles rappelèrent aux bourgeois de cette ville «qu'ils n'étaient plus les sujets de l'Evêque, mais ceux des seigneurs de Berne.» «Si ce banneret avait été catholique, observe M. de Haller, on eut trouvé ce droit de destitution incontestable et son usage très-régulier, car cela avait été pratiqué à Berne, à Bâle et ailleurs. Mais alors, les libertés et les franchises n'étaient plus valables pour les catholiques; les protestants seuls devaient être libres. Comme aujourd'hui, les prétendus libéraux, eux seuls, composaient le peuple, on ne reconnaissait point de majorité contre eux.»
Les commissaires bernois, chargés d'installer les baillis, purent ainsi remplir leur mission sans rencontrer une opposition bien sérieuse. Ils prononcèrent de nouvelles confiscations, et imporèrent sur Vaud, Gex et le Chablais une contribution extraordinaire, désignée sous le nom de Rançon du Pays.
| Couronnes d'or. | Couronnes d'or. | |||
| Cudrefin, | 30 | Transport, | 2906 | |
| Grandcour, | 39 | La dame de Sévery, | 30 | |
| Le cap. Mestral de St-Saphorin, | 300 | La dame de Lavigny, | 100 | |
| Les hommes de St-Martin, | 15 | Le prieur de Bierre, | 50 | |
| Les hommes de Belmont, | 50 | Le sire de Snarclens, | 50 | |
| Le riche Decoppet de Suscèva, | 200 | Allaman (ce sont de mauvaises gens qui ont injurié des bouchers de Berne et leur ont pris des moutons), | 30 | |
| Yverdon et ressort, | 1000 | Ceux de Mont, | 70 | |
| Le sieur Hetzli, | 10 | Ceux de Mont-le-Vieux, | 40 | |
| La dame de Berchier, | 10 | Rolle, | 10 | |
| Ses sujets, | 10 | Etoy, | 15 | |
| Les hommes d'Orsens, | 15 | Prangins, | 30 | |
| Les hommes de l'Isle, | 10 | Les sires de Prangins, MM de Berne en jugeront, | ? | |
| Les hommes de Ste-Croix et Bulet, | 30 | Ceux de Romont, | 20 | |
| Le sire de Biolay-Magnod, | 100 | Coppet (200 feux), | 80 | |
| Le sire de Cheseaux, | 100 | Noville, | 40 | |
| Les sujets de Bavois, | 15 | Montreux, | 30 | |
| Le sire de Bavois, | 30 | Chatelard, | 60 | |
| La dame de Montricher, | 100 | Vevey, | 400 | |
| Les sujets, | 50 | Moudon, | 400 | |
| Les Clées, | 150 | Le sire de Bavois, pour rachat de la confiscation de ses biens, | 300 | |
| Les hommes de Lignerolles, | 10 | Les paysans d'Ecclépens, de Pampigny, de Cuarnens, de Blérolloz, | 41 | |
| Les hommes de Chamvent et la Mothe, | 10 | Les trois frères de Villars, | 50 | |
| La-Sarraz (145 feux), | 50 | Le pays de Gex en tout, | 915 | |
| Le sire de Cottens, | 20 | Le bailliage de Ternier, | 1000 | |
| Cossonay, | 200 | Le bailliage de Thonon, | 1078 | |
| Le sire de Dully, | 30 | Total, | _____ 5747 | |
| Mollondins (16 hommes), | 6 | |||
| Morges, | 200 | |||
| Le sire de Wuflens, | 100 | |||
| Les sujets, | 30 | |||
| _____ 2906 | ||||
1Manuel de Lutry.
2Manuel de Lausanne.
3Manuel de Lutry.
4Chroniqueur.
5Manuel de Lausanne. - Chroniqueur, 264.
6Archives d'Avenches. - Ruchat, IV, 48.
7Gouverneur ou syndic.
8Chroniqueur, 249 à 255.
9Ls. de Charrière, Chron. de la ville de Cossonay, 116 à 120. T. V. Mém. et Doc. de la Soc. d'Hist. de la Suisse romande.
10Malgré cette défense, les images furent réintégrées dans l'église après le départ des commissaires bernois. (de Charrière, Chron. de Cossonay).
11Archives de Lutry.
12Frévalues, delits.
13Grenus, 197.
14Ruchat, IV, 152.