Mort de Charles III, duc de Savoie, et de Sébastien de Montfaucon, évêque de Lausanne. - Emmanuel-Philibert, duc de Savoie, réclame la souveraineté du Pays de Vaud; il cherche à s'emparer de Genève. Le Pays de Vaud se prononce contre la Savoie et se prépare à la guerre. - Emmanuel-Philibert soumet ses réclamations à la Diète. - Referendum. - Traité d'alliance entre le duc de Savoie et les cantons catholiques. - Conférence de Neufchâtel. - La France, l'Espagne et les Cantons, arbitres dans les différends entre Berne et la maison de Savoie. - Rupture des conférences. - Préparatifs de guerre. - Conférences de Nyon. - Préliminaires de paix. - Traité de Lausanne.
Berne avait anéanti, dans ses provinces romandes, tous les obstacles à son pouvoir. Au dehors, elle avait vu disparaître les princes qui auraient pu lui réclamer les dépouilles de l'Eglise romaine, et protester au nom du droit divin, contre la souveraineté qu'elle s'était arrogée sur les terres de l'Evêque prince de l'Empire, et sur celles de la maison de Savoie. Sébastian de Montfaucon était mort à Nice, et les chanoines du chapitre de Lausanne, dispersés sur la terre étrangère, ne pouvaient lui donner un successeur; Charles III mourait en 1553 loin de Turin, sa capitale; Charles-Quint abdiquait l'Empire, donnait sa couronne d'Espagne à Philippe II, son fils, et après avoir rêvé la monarchie universelle, il embrassait la vie monastique; enfin, François Ier, persécuteur des réformés, était mort en 1547. Tout souriait donc à la bourgeoisie de Berne, qui désormais paraissait pouvoir régner sans obstacles sur les contrées qui s'étendent dès bords du Rhin aux montagnes de la Savoie.
Cependant, les guerres de Charles-Quint et de François Ier avaient donné un haut renom à un guerrier qui, après une victoire éclatante, vint un jour demander à Berne les provinces qu'elle avait enlevées au duc de Savoie, son père. Ce jeune guerrier, Emmanuel-Philibert de Savoie, au lieu de déplorer dans l'exil les malheurs de sa maison, suivit dans leurs guerres Charles-Quint et Philippe II; il devint l'un des généraux les plus illustres de son temps, et le 28 juin 1557, il investit la ville de St-Quentin. Le duc de Montmorency voulant délivrer cette place, compromit son armée, que le duc de Savoie détruisit entièrement dans les marais de St-Quentin. Cette victoire eut d'immenses résultats; elle mit un terme à quarante années de guerres entre l'Espagne et la France.
Le roi de France renonça à toutes les prétentions qui avaient servi de prétexte à François Ier, son père, lorsqu'il s'empara des états de Savoie en 1536; il fit d'importantes cessions à l'Espagne, et deux mariages, celui du roi d'Espagne avec la fille du roi de France, et celui de la duchesse de Berri, soeur du roi, avec Emmanuel-Philibert, voilèrent ce que les renonciations pouvaient avoir d'humiliant pour la France, parce que ces princesses apportaient en dot à leurs époux tous les droits de la France sur les possessions des maisons d'Espagne et de Savoie. Le traité de 1559, conclu à Cateau-Cambrésis, ne fut aux yeux de Henri et de Philippe qu'une ligue pour l'extirpation de l'hérésie, car en le signant ces deux monarques se promirent de surprendre les protestants partout à la fois pour les exterminer. Aussi, c'en était fait de tous les états protestants, et surtout des petites républiques protestantes de la Suisse, voisines des possessions de l'Espagne en Franche-Comté et en Lombardie, de celles du duc de Savoie, et du roi de France. Entre toutes ces républiques, Berne courait les plus grands dangers, et avec elle Genève, que déjà l'on nommait la Rome protestance. C'est dans son nid qu'il faut étouffer la vipère! écrivait le Pape à Henri II, en l'excitant contre les hérétiques. L'argent vous manque-t-il? le St Siège vous autorise à lever des décimes sur vos clergés; moi-même j'ai préparé ma gendarmerie et mis à part vingt mille ecus....
Mais les protestants ne devaient pas succomber sous la coalition qui se formait contre eux : un accident les délivra de leur ennemi le plus acharné. Les cours de France, d'Espagne et de Savoie étaient réunies à Paris pour célébrer les fêtes nuptiales des deux souverains. Henri II les présidait, et y brillait dans les tournois. Chaque jour, le roi et les seigneurs, armés de toutes pièces, rompaient des lances les uns contre les autres. Mais dans le tournois, Henri II, courant contre Montgomeri, reçut une blessure, et mourut le jour même où il se proposait de donner aux trois cours réunies l'affreux spectacle du supplice de seigneurs et de magistrats attachés à la doctrine protestante.
La mort de ce prince sauva Berne et Genève, dont l'existance dépendait du protestantisme, et empêcha le duc de Savoie de poursuivre les projets de vengeance qu'il méditait contre ces deux républiques. L'héritier de la couronne de France était un adolescent, François II, âgé de quinze ans et demi, dont la mère, Catherine de Médicis, fut appelée à la régence. Italienne, souple, adroite, sans passions, indifférente entre les opinions, elle voulut gouverner en ménageant les deux partis puissants qui divisaient le royaume. A la tête de l'un de ces partis étaient les Guises de la maison de Lorraine, l'autre reconnaissait pour chef les princes de Bourbon. Les Guises, oncles de la belle Marie d'Ecosse, épouse du jeune roi, se posaient comme les défenseurs de l'Eglise, et les promoteurs de toutes les mesures de rigueur destinées par Henri II à écraser les protestants. Mais les protestants, malgré les persécutions, étaient nombreux en France; il comptaient dans leurs rangs une grande partie de la noblesse qui, par haine de la domination, avait embrassé les doctrines nouvelles. Ils formèrent une confédération et reçurent le nom de Huguenots, emprunté aux Eidgnossen de Genève, la ville sainte de la religion évangélique. Les Bourbons, princes de la branche cadette de la maison royale, et rivaux des Guises, étaient à leur tête. L'un d'eux, le duc de Vendôme, était puissant, et devint roi de Navarre par son mariage avec Jeanne d'Albret, qui fut mère de Henri IV. Un autre Bourbon, Louis de Condé, frère du duc de Vendôme, embrassa le protestantisme aussitôt après la mort de Henri II, et se déclara hautement le chef des protestants, qui, ayant à leur tête les princes de Bourbon, purent enfin résister. Ils voulurent renverser les Guises, leur ôter le pouvoir dont ils s'était emparés, et le remettre aux Bourbons. La Renaudie, français, réfugié à Lausanne, devint chef du complot; il donna rendez-vous à quinze gentilshommes protestants, pour arracher le jeune roi des mains des Guises. Mais La Renaudie échoua dans son projet, il fut tué dans un combat et les Guises triomphèrent. Cependant, les protestants, exaspérés par les supplices des conjurés d'Amboise, ne posèrent point les armes; ils forcèrent les Guises et la régence à traiter avec eux et à reconnaître leurs droits. Dès cette époque, les deux partis, également puissants, se disputèrent le pouvoir et commencèrent ces guerres de religion, qui se succédèrent jusqu'à l'avènement de Henri IV au trône de France, et eurent la plus grande influence sur les destinées du Pays de Vaud.
La mort de Henri II, et les événements qui la suivirent, changèrent la position d'Emmanuel-Philipbert à l'égard de Berne et de Genève. Car ce prince, ne pouvant désormais espérer des secours de la France, était ainsi réduit aux seuls ressources que pouvaient lui offrir ses provinces. Mais ces ressources étaient nulles : le Piémont, et toutes les provinces, étaient ruinés par vingt-cinq années de guerres; le trésor était vide; l'armée n'existait plus. Dépourvu de ressources, Emmanuel-Philibert ne pouvait songer à attaquer Berne dans le Chablais et le Pays-de-Vaud, ni même espérer de pouvoir s'emparer de Genève. Genève avait de bonnes fortifications, elle était défendue par cette vielle bourgeoisie qui avait chassé l'Evêque, proclamé la république, et résisté pendant si longtemps aux armes de Savoie, et à la ligue de la Cuiller. Une nouvelle bourgeoisie, composée de milliers de protestants français expulsés de leur pays pour cause de religion, était prête à verser son sang pour cette nouvelle patrie. Genève, enfin, avait les sympathies de toute l'Europe protestante, dont elle était le boulevart spirituel.
Dans le Pays de Vaud, naguère si dévoué à l'Eglise romaine, l'opinion était également hostile à la maison de Savoie. Malgré les dissensions qui divisaient l'Eglise au sujet de la Discipline Ecclésiastique, le nouvel ordre de choses avait jeté de profondes racines. Une nouvelle génération, élevée dans les écoles protestantes, avait grandi, avec l'horreur du papisme et de l'idolatrie. Une nouvelle noblesse, formée aux dépens des anciens fiefs de l'Eglise, constituait un corps de gentilshommes dévoués à Berne. Les villages étaient enrichis des terres de l'Eglise, qu'ils avaient achetées à vil prix, ou reçues en abergement moyennant quelques cens ou des dîmes, et des milliers de serfs de l'Eglise étaient devenus des hommes libres, lorsque Berne s'empara des biens du clergé catholique. D'autres circonstances encore, attachaient les Vaudois au régime bernois. Ainsi, les domaines confisqués par Berne au clergé et à la noblesse, domaines que dans une autre révolution on appela nationaux, furent divisés et vendus à une foule de campagnards qui devinrent autant d'ennemis du clergé catholique, de l'ancienne noblesse et de la maison de Savoie. Enfin, les villes virent leur population profondement modifiée par l'arrivée d'une foule de réfugiés protestants, qui devinrent autant de citoyens actifs.
Lausanne, plus que les autres villes, avait donné un accueil fraternel à ces réfugiés, en recevant la plupart d'entre eux au nombre de ses bourgeois. Ainsi, on voit dans le Livre de la Bourgeoisie de cette ville, que depuis l'année 1544 jusqu'à la fin du siècle, et surtout dans les années 1545 et 1555, quatre cent trente-huit familles étrangères à Lausanne, furent admises à la bourgeoisie, que sur le nombre de ces familles, trois seulement appartenaient à Berne ou à la Suisse allemande, cent vingt-cinq à Genève, au Pays de Vaud ou au Valais; enfin, plus de trois cents à la France et à la Savoie, où les persécutions religieuses faisaient périr par milliers les malheureux protestants. Ces réfugiés, artisans pour la plupart, apportèrent à Lausanne leur industrie et le commerce. De la Tarentaise, du Faucigny, du Dauphiné, du midi et du nord de la France, vinrent des cordonniers, des tailleurs, des tisserands, des serruriers, des fourbisseurs, des tondeurs de drap, des marchands, des médecins, des chirurgiens, des apothicaires, des jurisconsultes, et deux ou trois familles de gentilshommes, les Saussure et les Polier. Lausanne agit libéralement envers ces nouveaux citoyens en leur donnant la bourgeoisie pour trois ou quatre écus. Il en fut à peu près de même dans les autres villes de Vaud; Vevey, Moudon, Morges et surtout Yverdon, se peuplèrent de protestants français.
Ces villes changèrent d'aspect. Lausanne n'était plus la ville épiscopale. Aux pompes de l'Eglise romaine, aux moeurs dissolues du haut clergé ou de pélerins qui venaient acheter la rémission de leurs péchés, avaient succédé la simplicité du culte protestant et l'austérité des moeurs de l'Eglise réformée. Le quartier de la Cité, jadis peuplé de prêtres, de chanoines, de sacristains, de clercs et d'autres gens d'Eglise, était habité par des professeurs et des étudiants, et par les employés du bailliage. La rue de Bourg voyait dans ses maisons privilégiées une nouvelle bourgeoisie, formée de protestants étrangers à Lausanne. Les autres quartiers voyaient une foule de réfugiés y exercer leur industrie, et y apporter l'austérité de leurs moeurs.
Dans les campagnes aussi, de grands changements avaient eu lieu. L'agriculture y avait fait de notables progrès; de grands domaines laissés en friche, alors qu'ils appartenaient à l'Eglise, étaient mis en culture par de nombreux propriétaires. L'industrie apparaissait en tous lieux; dans la froide Vallée-de-Joux, deux gentilshommes français, David du Perron et François de Beaulieu, avaient établi en 1557 un verrerie au Pré-Rodet; Mr de Verro y faisait construire de hauts fourneaux, des forges, des moulins et des battoirs, sur le cours de la Lionnaz; d'autres établissements industriels se formaient dans la plaine; un réfugié découvrait une source d'eau salée à Panex, paroisse d'Olon, et l'exploitait en 1554. Enfin, la paix, la justice régnaient dans le Pays-de-Vaud, tandis que, au dehors de la Suisse, la guerre, l'inquisition, les persécutions les plus épouvantables affligeaient tous les peuples. Aussi, les ministres, la plupart chassés de la France par les persécutions, excitaient le peuple contre l'étranger; ils faissaient, dès le haut de la chaire, le tableau de ces persécutions, et avec le peuple qui les écoutait, il rendaient graces à l'Eternel pour les bénédictions dont il comblait le Pays de Vaud.
Touts ces circonstances étaient défavorables au duc de Savoie. Aussi, lorsque six jours après sa victoiree de St-Quentin, le duc avait appelé ses sujets à secouer le joug de la France et de Berne, les Vaudois restèrent sourds à son appel; il n'y eut que quelque gentilshommes de vieille roche, qui, sentant renaître dans leurs coeurs une ancienne affection pour la maison de Savoie, coururent se joindre à l'expédition qu'Emmanuel-Philibert dirigeait sur la Bresse, tandis que tous les Vaudois se préparèrent à repousser l'invasion en se rangeant sous les drapeaux bernois. Aussi, le duc de Savoie renonça à la voie des armes, il recourut aux négociations, et envoya une ambassade en Suisse, sous le prétexte de renouveler les anciennes alliances de la Confédération avec la maison de Savoie. Tous les cantons, et principalement les cantons catholiques, reçurent avec les plus grands honneurs les ambassadeurs du duc. Alors, ceux-ci s'adressant aux cantons de Berne et de Fribourg, les invitèrent à «une conférence amiable pour traiter sur la restitution des terres du Pays-de-Vaud, du Chablais et de Gex, enfin de tout le territoire au-deçà et au-delà du lac.» Berne, dans cette circonstance, suivit cette tactique qui toujours réussit à la Suisse dans ses démêlés avec les grandes puissances. Loin de s'opposer d'une manière absolue aux prétentions de la maison de Savoie, elle gagna du temps en acceptant des conférences dans la ville de Neufchâtel. Cependant, le duc de Savoie déclina ces conférences particulières que ses ambassadeurs avaient acceptées, et demanda qu'une diète générale des cantons fût convoquée pour s'occuper d'une alliance défensive entre la maison de Savoie et le Corps Helvétique tout entier, et pour lui soumettre la question du Pays de Vaud. La plupart des cantons adhérèrent à cette proposition; mais Berne, Fribourg, Bâle et Schaffouse, parvinrent à faire ajourner toute décision jusqu'à la diète ordinaire de janvier 1560.
Lorsque cette question fut mise en délibération dans la diète, Berne parvint à obtenir un nouvel ajournement. «Nos difficultés avec la maison de Savoie, dirent les députés bernois à la diète, sont à la veille d'être applanies; il ne faut donc pas presser cette affaire. Les cantons doivent considérer que la guerre que Berne et Fribourg ont dû entreprendre contre le duc en 1536, n'a pas été faite pour un sujet frivole, mais pour tenir à leur honneur et à leur serment à l'égard de Genève, menacée et assiégée.» La diète prit en considération les observations de Berne, et prononça sur cette affaire un de ces Referendum, déjà désespoir de la diplomatie.
Cependant, M. Lambert de la Croix, l'un des ambassadeurs d'Emmanuel-Philibert, continuait à séjourner en Suisse. Sa présence, ses courses dans les états confédérés et alliés, ses intrigues, donnèrent de l'inquiétude à Berne, et engagèrent cette ville à envoyer des agents dans les cantons pour leur rappeler que les anciens traités, qui existaient entre Berne et Fribourg et la maison de Savoie, ayant été violés par Charles III, Berne avait été autorisée à s'emparer du Pays de Vaud, et que l'honneur de la Confédération était engagé dans cette affaire. Enfin, «vu qu'il n'était point décidé encore si la contestation que Berne avait avec le duc de Savoie se terminerait par un arrangement ou par les armes, les confédérés étaient priés de ne point souffrir que M. de la Croix restât en qualité d'ambassadeur en Suisse; mais de lui ordonner de se retirer.»1 Néanmoins, malgré les instances de Berne, M. de la Croix continua à séjourner à Lucerne, et parvint à conclure, le 11 novembre 1560, une alliance défensive avec les cantons d'Uri, Schwytz, Undervald, Zug, Lucerne et Soleure, et même avec Zurich, qui voyait dans cette alliance des avantages pour son commerce.
Le séjour prolongé de M. de la Croix en Suisse, ses menées, le traité qu'il venait de conclure, le bruit qui se répandit que le duc de Savoie réunissait des troupes, produisirent dans le Pays de Vaud une agitation qui fut à son comble, lorsqu'on y apprit que l'un des seigneurs les plus riches et les plus influents du Chablais, M. de Lullin, venait de se passer à l'armée d'Emmanuel-Philibert, et que cette armée se préparait à envahir le Chablais, Gex et le Pays de Vaud. Mais à cette inquiétude succéda bientôt la confiance, et malgré la gravité des conjonctures, l'abandon des confédérés, et les menaces du vainqueur de St-Quentin, Berne, inspirée par Naegueli et les autres vétérans des guerres d'Italie, qui présidaient encore ses conseils, prit les mesures les plus énergiques. Elle envoya son avoyer, le vieux Naegueli, dans le Pays de Vaud «pour assurer les habitants d'un prompt secours en cas de besoin, en même temps pour sonder les esprits et pour connaître ce à quoi la République pouvait s'attendre, si elle en venait à une rupture avec le duc de Savoie.»2 Assuré du concours du Pays de Vaud, Berne prit des mesures énergiques : les seigneuries et les biens de M. de Lullin furent confisqués, son château fort de Lullin brûlé et rasé, et son châtelain, M. de Torrens, emprisonné dans l'hôpital de l'Isle, à Berne. Thonon reçut une forte garnison, ainsi que le fort de l'Ecluse et Versoix; une levée de dix mille hommes fut ordonnée; des ingénieurs dirigèrent les réparations trouvées nécessaires aux fortifications d'Yverdon, de Morges et des villes des bords du lac. Enfin, Berne fit un emprunt à Bâle et à Strasbourg pour faire face aux dépenses de la guerre dont elle était menacée.3 «Le public et les particuliers, témoignèrent être attachés au gouvernement, et promirent d'être fidèles et de combattre avec zèle s'il se fallait.» Lausanne se distingua par les mesures militaires qu'elle prit; ses fortifications furent réparées et tout fut prévu pour une prise d'armes en cas de besoin. «Le conseil élut des officiers pour commander les compagnies de la ville et de son ressort, et fit publier défense d'absenter la ville et la juridiction, sour peine d'être punis en corps et en biens.»4
Pendant ces préparatifs guerriers, le duc de Savoie persistait dans ses démarches pour rentrer dans ses droits sur le Pays-de-Vaud, et, appuyé par les cantons catholiques, il obtint que Berne aurait avec ses envoyés «une conférence amiable au sujet des terres qu'il réclamait.» La conférence eut lieu à Neufchâtel, et dura sept jours. Les députés savoyards demandèrent que Berne eût à restituer non-seulement tout le territoire dont elle s'était emparée en 1536, mais tous les revenus qu'elle en avait tiré depuis vingt-quatre ans. Ils exigèrent aussi que Berne rendît les monastères, les églises, leurs ornements, leurs trésors, enfin tous leurs biens. A ces demandes étonnantes. dit Haller dans sa chronique, les députés de Berne répondirent par la note suivante, tendant à justifier l'invasion de 1536 :
La sentence de Payerne, prononcée le 31 décembre 1530 par les arbitres choisis entre les Cantons, avait reconnu, quant aux prétentions du duc de Savoie, que Genève, en sa qualité de ville libre et impériale, avait eu le droit et avait le pouvoir de contracter une alliance de combourgeoisie avec Berne et Fribourg, et qu'elle avait été contrainte à contracter cette alliance ensuite des injustes oppressions exercées par des gentilshommes du Pays-de-Vaud et de Savoie, sujets du duc. Cette alliance de combourgeoisie avait été contactée en 1525, avec le consentement de l'Evêque, alors seigneur temporel de Genève, dans le but de maintenir les droits et franchises que Genève avait reçues des rois et des empereurs.
Dans cette alliance, les droits que la maison de Savoie pourrait duement constater furent réservés. Néanmoins, le duc ne fut point satisfait de cette réserve, et les gentilshommes et les autres sujets du duc attaquèrent violemment Genève en 1530; ce qui avait engagé les deux villes de Berne et de Fribourg à prendre les armes pour la secourir. Alors, les Cantons ayant interposé leur médiation, avaient conclu la paix à St-Julien entre les parties, en réservant à chacune de celles-ci ses prétentions et ses droits, dont on renvoyait la décision à des conférences à Payerne pour la fin de l'année.
Dans ces conférences (journées), les parties parurent en droit devant les Cantons choisis et reconnus pour juges; ces députés, après avoir ouï les parties, décidèrent que le duc avait usé de violence injuste contre Genève, et, pour cette cause, le condamnèrent à payer aux deux villes, Berne et Fribourg, la somme de 21,000 écus pour les frais de la guerre.
Malgré le Prononcé de Payerne, dans la même année et jusqu'en 1536, le duc de Savoie et ses sujets n'avaient cessé de vexer les Genevois par toute sorte d'actes d'hostilité : interdiction de commerce, meurtres, embrasements, pilleries, etc. Berne, alors, pour procurer la paix et le repos, avait plusieurs fois député auprès du duc, mais toujours inutilement. Dès l'anné 1536, les gens du duc s'étant mis en campagne, avaient fait une guerre furieuse aux Genevois, assiégeant leur ville pendant plusieurs mois; de sorte que sans la protection de Dieu et le secours de Berne, ils attendaient chaque jour la mort et leur dernière ruine. Ce fut une telle conduite qui donna occasion et juste sujet aux Bernois de s'emparer du Pays de Vaud, conformément au traité de St-Julien, qui portait : en cas que le duc recommençât à user de violence, le Pays de Vaud serait hypothéqué aux Bernois. Le duc et ses gens avaient exercé ces violences, malgré toutes les offres de droit qu'on lui faisait; il donnait le commandement de ses troupes au seigneur Baptiste, frère du marquis de Musso de Médicis, cet ennemi juré de Berne, qui fit ravager les terres de Berne par divers coquins apostés pour cela; ce Baptiste avait marché avec l'armée du duc de Savoie jusqu'aux frontières de Lausanne, alors alliée de Berne, et dans la terre d'Echallens, qui appartenait à Berne et à Fribourg. Ce furent donc toutes ces choses qui donnèrent à ces deux villes l'occasion de prendre les armes pour défendre et leurs propres sujets et leurs alliés de Genève5
Les députés du duc de Savoie répondirent à cette note par la note suivante :
Lors même que les droits mis en avant par Berne sur le Pays de Vaud, en vertu du traité de St-Julien, fussent fondés, ils ne l'étaient pas, cependant, quant au Chablais, à la baronnie de Gex et à la partie du Genevois, dont Berne s'était emparée. Ils objectèrent que Genève n'était pas une ville impériale, et que même si elle l'eût été, le titre de Vicaire-de-l'Empire, attribué aux ducs de Savoie, donnait à ces princes de véritables droits sur Genève; que Berne n'avait eu aucun droit de contracter alliance avec Genève, parce que cette ville, alors même qu'elle n'aurait pas été sujette de la maison de Savoie, et par des traités contractés par les Bernois avec le comte Philibert et Charles III, père du duc actuel, et par d'autres traités, les Bernois s'étaient engagés à n'accepter pour alliés ou combourgeois aucun des sujets du duc de Savoie, ou aucune ville ou communauté, ou seigneurie, enclavée dans les terres de Savoie. Enfin, quant au traité de St-Julien, constamment invoqué par Berne, ce traité ne donne aucun droit à Berne sur le Pays de Vaud, vu que dans le traité de Fribourg, conclu en 1477 entre les cantons et la duchesse de Savoie, Yolande de France, les cantons suisses reconnaissaient que le Pays de Vaud devait prepétuellement appartenir au fils aîné de Savoie6.
Les conférences se prolongèrent, mais sans résultat. Alors les députés bernois, voyant l'insistence que leur partie adverse mettait dans la restitution du Pays-de-Vaud et des autres territoires provenant de la maison de Savoie, objectèrent qu'ils ne pouvaient traiter en l'absence des Fribourgeois et des Valaisans, détenteurs d'une partie des territoires réclamés. Les conférences furent donc ajournées au 10 février 1561.
Pendant ces entrefaites, M
Lorsque la contestation s'éleva entre Charles III et la république de Berne, Fribourg ne voulut point se mêler de cette affaire. Cependant, Berne ayant fait la guerre et s'étant rendu maître d'un pays considérable dans celui de Vaud, la plupart des habitants de ces contrées, qui n'étaient point encore assujetties à Berne, eurent recours à Charles III pour en obtenir un prompt secours, et une assistance, sans laquelle il ne leur était pas possible de faire tête aux Bernois. Mais ce prince leur ayant fait connaître qu'il n'était pas en état de les secourir, et leur conseillant de se choisir un maître, ou chez les Fribourgeois, ou chez les Valaisans; ces premiers avaient pris le pays qui étaient de leur convenance, mais dont la prise leur coûtait plus qu'ils ne tiraient de revenus de leur nouvelle acquisition. Qu'ainsi, ils se flatttaient qu'Emmanuel-Philibert n'inquièterait pas davantage les Fribourgeois à ce sujet, mais qu'il les laisserait dans la possession d'un pays qui leur était très-dispendieux7.
Mr de la Croix représenta aux Fribourgeois le peu de valeur des raisons qu'ils alléguaient, et «qu'alors même ils seraient nantis d'un titre, ou d'une lettre qui prouverait que Charles III eût permis à ses sujets de se mettre sous leur protection, ni ce titre, ni cette lettre ne sauraient être suffisants pour dépouiller le duc Emmanuel-Philibert d'un pays qui n'était entre les mains de Fribourg que par manière de dépôt.»8 Mais les représentations demeurèrent inutiles; Mr de la Croix échoua dans ses démarches; car Fribourg et Valais, n'ayant aucune raison à alléguer, ne parurent point à la conférence de Neufchâtel. Dans cette conférence, les agents de Savoie persistèrent dans leurs prétentions, tandis que Berne, de son côté, refusait toute restitution. Enfin, Mr de la Croix, fatigué de ces renvois continuels, proposa de prendre pour arbitres le roi de France et le roi d'Espagne, et cinq cantons catholiques qu'il désigna. Les Bernois refusèrent ces arbitres, alléguant que les deux rois étaient les proches parents du duc de Savoie, et que les cinq cantons désignés venaient de conclure une alliance particulière avec la maison de Savoie. Enfin, après bien des débats, il fut convenu que des arbitres des onze cantons examineraient la question, et proposeraient un projet de traité.
Ces arbitres s'assemblèrent à Bâle le 18 mai, où après avoir entendu les envoyés du duc et les députés bernois, ils proposèrent que Berne rendit quelques bailliages. Ainsi : les mandements de Vevey, de La Tour-de-Peilz, de Chillon et de Villeneuve, comme faisant partie de l'ancien Chablais; tout le territoire vaudois situé au couchant de l'Aubonne, partie de l'ancien évêché de Genève; enfin, la baronnie de Gex et de le Chablais.
Cette proposition occasionna la plus vive indignation à Berne, et les discussions les plus violentes dans le Deux-Cent, où deux partis s'étaient formés, l'un pour la guerre l'autre pour la paix. Ce dernier, le moins populaire, représentait que Berne était abandonnée par tous ses confédérés, même par Fribourg et le Valais, que l'on ne pouvait compter sur l'affection des bailliages du Pays de Vaud et du Chablais. Ce parti répandait les bruits les plus alarmants : une armée se formait en Savoie; le Pays de Vaud allait s'insurger; l'Oberland voulait se détacher de Berne et former un canton. Enfin, ce parti de la paix, les pacifiques comme le peuple bernois les désignait par dérision dans ses chansons, finit par l'emporter, et, de seize voix qu'il avait dans le Deux-Cent au commencement des négociations, il finit par obtenir une majorité qui décida d'offrir la restitution du Chablais.
Cependant les médiateurs, excités par les ambassadeurs de France, d'Espagne et de l'Empereur, et par une foule d'agents secrets de la Savoie, parmi lesquels on cite plusieurs anciens gentilshommes vaudois, repoussèrent cette restitution comme insuffisante. Les négociations furent rompues, et une année se passa dans l'attente des événements. Dans ces entrefaits, Emmanuel-Philibert persécutait les Vaudois des Vallées-du-Piémont, on répandiat le bruit qu'il se disposait à tourner ses armes contre Genève et le Pays de Vaud, lorsqu'il aurait soumis ou exterminé les protestants des Vallées-Vaudoises, et que ses soldats italiens et espagnols, suivis du tribunal de l'inquisition, se préparaient à détruire les hérétiques de Genève et de Vaud. Alors à Genève et dans le Pays de Vaud, on se prépara à la guerre.
Dans le Pays de Vaud, la question religieuse domina toutes les autres : être Bernois, mais protestant et heureux, ou être Savoyard, mais persécuté par l'inquisition et ses bourreaux. La religion menacée fit entendre sa voix : chaque jour, les ministres dans les temples adressaient à Dieu des prières pour qu'il détournât de son peuple le fléau dont il était menacé, et exhortaient les disciples de l'Evangile à verser jusqu'à la dernière goutte de leur sang pour défendre l'Evangile. Ils racontaient le sort malheureux des cinq étudiants lausannois, Alba, Escrivain, Seguin, Malvières et Charles Faure, qui, arrêtés à Lyon comme hérétiques, et après un an de détention, venaient d'être conduits sur l'échafaud, liés ensemble d'une chaîne, attachés à un poteau, brûlés tout vifs et réduits en cendres; ils racontaient à leur auditoire ému jusque aux larmes, comment ces jeunes martyrs de l'Evangile, montés sur le bûcher, se saluèrent l'un et l'autre par un saint baiser, en se disant : Adieu mon frère! comment l'un d'eux embrassa le bourreau en l'exhortant à se rappeler ce qu'il lui avait dit; comment enfin, ils chantaient la gloire de Dieu et la joie des martyrs, pendant que le feu les consumait!
Il n'y eut qu'un cri dans le Pays de Vaud : plutôt la mort que le papisme et le duc de Savoie! Partout on se prépara à la guerre : dans le Chablais, dans la baronnie de Gex, dans tout le Pays de Vaud, Berne donna des ordres de guerre. A Lausanne, le bourgmaître Henri de Praroman «fait tenir prêts les soldats de la ville, soit les élus, soit les restans; il fait placer une forte garnison au château de Lausanne et à celui d'Ouchy; il augmente le guet aux tours des églises, aux murs de ville et aux portes; il fait préparer les signaux; il fait défendre aux bateliers de passer des étrangers en Savoie, et donne l'ordre aux cabaretiers de donner chaque jour au bourgmaître les noms des étrangers qui logent chez eux.» Le conseil de Lausanne fait fondre huit pièces d'artillerie, achète un approvisionnement de mousquets et d'arquebuses, fait fabriquer des piques et des hallebardes, et emprunte six mille écus d'or à Mr Steiguer pour faire face à ses préparatifs militaires. Le secrétaire du conseil, qui enregistra ces ordres, mit en tête de leur inscription un exorde qui dépeint l'esprit qui animait le conseil : «Après nous être humblement recommandés à Dieu, au nom de son fils Jésus-Christ, notre seul Saveur et Rédempteur, pour lequel nous désirons mourir, nous avons décidé, etc.» Peu de jours après, le 5 juin 1562, le conseil de Lausanne fit publier «défense à toute personne de quitter la ville ou son ressort, sous quelque prétexte que ce fût, afin que la ville ne fût pas dépourvue d'hommes de guerre.»9 Dans tout le pays, on prit des mesures analogues.
Cependant, le duc de Savoie, qui ne se sentait pas en mesure de commencer une guerre avec Berne, qui probablement verrait tous les Cantons, et même les catholiques, se ranger de son côté, s'adressa au roi d'Espagne pour qu'il invervint auprès des cantons de la Suisse. L'ambassadeur d'Espagne se rendit à Berne où, à force d'instances, il obtint une suspension d'armes, et l'ouverture de conférences à Nyon pour le 30 novembre 1562, mais sous la réserve expresse des Bernois, «d'accepter ou de rejeter la sentence arbitrale des cantons, et que Genève serait compris dans le traité de paix.» Un an se passa en pourparler, en intrigues, sans que les conférences de Nyon pussent avoir lieu. Enfin, elles s'ouvrirent le 30 avril 1564, et l'on convint de traiter sur les bases suivantes : «Les sujets des terres rendues au duc de Savoie demeureront en pleine et paisible possession et libre exercice de la religion que LL. EE de Berne y ont établie. Genève recevra une assurance parfaite pour sa liberté et son indépendance. Le duc de Savoie n'entreprendra jamais des hostilités contre Genève, ni par lui, ni par les siens, ni ne permettra à d'autres d'en entreprendre. Trois territoires seront rendus à la Savoie, savoir : les bailliages de Gex, de Ternier et de Thonon.»
Un projet de traité fut rédigé par les cantons médiateurs, puis envoyé à la ratification de Berne et de la cour de Savoie. Berne, suivant encore une coutume démocratique, communiqua ce projet aux communes de son canton et du Pays de Vaud. «Quelques-unes n'approuvèrent pas que l'on rendit les trois bailliages, elles voulaient la guerre; mais, le plus grand nombre s'en remit à la prudence de leur sourverain.» Enfin, le 22 octobre 1564, après des négociations qui avaient duré plus de quatre années, le traité de paix fut signé à Lausanne.
conclu le 30 octobre 1564, entre LL. EE. de Berne et Son Altesse le duc de Savoie, Emmanuel-Philibert, par les députés des onze Cantons médiateurs10.
Les seigneurs de Berne rendent au duc de Savoie les seigneuries de Gex, de Ternier et Gaillard, de Thonon, et tout ce qu'ils ont conquis de là le lac et le Rhône, à condition que par rapport à la religion qui y est actuellement établie, on n'y introduise aucune nouveauté. Ces terres seront remises au duc, dans l'état actuel, dans leur valeur et leurs rentes. Tous achats, ventes, contrats passés pendant la régence des seigneurs de Berne subsisteront en leur force et vigueur.
Les seigneurs de Berne gardent en toute propriété le Pays de Vaud, la seigneurie et bailliages de Nyon, de même que Vevey, La Tour-de-Peilz, Villeneuve et autres places, situées delà le lac, qui dépendaient autrefois du Chablais. Lesquels pays les Bernois garderont et posséderont eux et leurs successeurs à perpétuité, pour en disposer et jouir comme leurs autres pays, sans qu'à l'avenir le duc de Savoie, ni ses héritiers quelconques ou qui que ce soit de leur part y pût jamais rien prétendre, ni les molester ou troubler en aucune manière que ce soit.
Les rentes des Eglises, Cloîtres et Fondations, resteront dans chaque district, sans avoir égard que telles rentes d'une seigneurie servirait aux fondations situées dans une autre. Par ce moyen, chaque partie demeurera irrecherchable de l'autre.
«Art. VIII. Nous11, les médiateurs avons déclaré, ainsi que par précédente déclaration, aux personnes particulières, gentilshommes, paysans, villes, villages et communautés quant à leurs biens particuliers, propriétés, fiefs, pâquiers, paturages, bois, champs, bons us et coutumes et droits présentement en cours et en usage, ne sera rien ôté, ni dérogé par cet arbitrage.»
Les péages dans les pays réciproques seront conservés.
Le duc renonce à toutes prétentions de fiefs sur le comté de Gruyères, Oron et autres seigneuries.
La combourgeoisie de Genève avec Berne subsistera dans sa force. Les prétentions du duc contre Genève sont sursises, et les parties doivent attendre à leur égard la voie du droit, ou une composition amiable.
Toutes inimitiés et rancunes doivent être oubliées et enlevées, et le passé ne pourra causer aucun préjudice à qui que ce soit.
Chacun, avec le scu de son magistrat, pourra aller habiter où bon leur semblera.
Aucune des parties (Berne ou le duc) ne pourra échanger, ou vendre, ou aliéner les villes, fortresses et pays, qui lui sont cédés par ce traité, afin d'éviter tout dangereux voisin. Elle ne pourra édifier aucune fortresse à une lieue près les unes les autres.
Tous les titres, droits, documents des terres et seigneuries cédées, doivent être remis au possesseur en toute fidélité et rondeur.
Ceux du pays de Savoie qui ont obtenu des droits de bourgeoisie à Berne les conserveront; mais à l'avenir, aucune des parties ne pourra recevoir pour bourgeois les sujets de l'autre partie.
Les sujets des deux pays pourront aller, venir et négocier dans les deux pays en toute sûreté et franchise.
Le milieu du lac est la véritable limite entre les deux pays.
Ce traité fut garanti par la France et l'Espagne. Charles IX le ratifia par un acte signé à Bordeaux le 26 avril 1565, et Philippe II par un rescrit royal daté de Ségovie, le 22 août de la même année.
Fribourg traita en 1569 avec le duc et entra dans l'alliance des cantons catholiques avec la maison de Savoie. Le Valais imita l'exemple de Berne et de Fribourg : il restitua les mandements d'Evian et d'Abondance, et obtint d'Emmanuel-Philibert la cession de Monthey et de tout le territoire compris entre St-Maurice et St-Gingolph.
Sources principales : Chroniques de Stettler. - Chronique de Haller. - Le baron d'Alt, Hist. des Helvétiens, 10 volumes, Fribourg, 1753. - Ruchat, T. VI et VII. - Deutschen Missiven. - Manuel du Conseil de Lausanne. - Grunner, Fragments historiques. - Recueil des Traités de la royale maison de Savoie, Turin, 1836. - Archives de l'Etat de Vaud.
1Stettler, Annales, 1560.
2Stettler. - Haller, Chroniques. - D'Alt, Hist. des Helvétiens, IX, 150.
3Ruchat, VI, 339 à 342.
4Manuel de Lausanne, 1560.
5Deutschen Missiven, 1560.
6Deutschen Missiven, 1560.
7D'Alt, IX, 152.
8D'Alt, IX, 153.
9Manuel de Lausanne, 1562.
10Voyez dans les documents de Grenus, p. 227, et dans les Mémoires du Landammann Monod, T. 2, p. 169, le texte de ce traité, dont nous ne pouvons donner ici qu'un résumé, vu la trop grande étendue de ce document.
11Nous citons textuellement cet article, parce qu'il a été plusieurs fois invoqué par les villes, dans les réclamations qu'elles adressèrent à Berne à la fin du XVIIIe siècle, et particulièrement par Morges, dans le procès qu'elle soutint contre LL. EE. au sujet d'un impôt qu'elles voulaient prélever sur les bailliages traversés par la route de Genève à Berne, qu'elles faisaient construire.