Utilisation des actes notariés du canton de Vaud
Comment trouver ces documents?
Le premier problème consiste à déterminer s'il existe
des actes notariés utiles à vos recherches.Vu qu'il n'y a
pas d'index général, et vu que les notaires pouvaient en
principe établir des actes n'importe où dans le canton de
Vaud, il vous faudra résoudre quelques devinettes. Voici l'approche
qui m'a permis d'obtenir les meilleurs résultats :
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Identifiez les villes où vos ancêtres ont vraisemblablement
opéré leurs transactions commerciales. Faites la liste de
toutes les villes qui leur sont associées dans les registres paroissiaux
(celles où ils ont fait baptiser leurs enfants, celle où
ils se sont mariés, celles où ils sont parrains ou marraines
d'autres enfants, ainsi que la commune d'origine de leurs parents et beaux-parents).
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Identifiez les districts dont dépendent ces villes. Si une ville
se trouve à la limite de deux districts, mettez les deux districts
dans votre liste.
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Identifiez la période intéressante pour chaque ville ou district.
Il vous faudra commencer par examiner tous les actes de la période
où votre ancêtre et ses enfants étaient dans la région,
puis poursuivre avec les documents des époques où ils étaient
susceptibles d'être déjà dans la région. Les
documents concernant l'établissement de résidence n'apparaissent
parfois que 50 ans après les faits dans les documents notariaux.
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Identifiez quels types de documents notariaux sont susceptibles de contenir
des renseignements sur vos ancêtres. Il existe deux sources d'information
:
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le catalogue de la Family History Library de l'église des Mormons
est accessible en ligne, ainsi que sur microfilms et CD à votre
Centre de Généalogie Familiale SDJ. Si vous pouvez obtenir
l'ancienne version sur microfiche du catalogue, examinez la table des matières
à la rubrique SWITZERLAND, VAUD et à la ville dont dépend
le district, sous la rubrique "Notarial Records" (actes notariés).
Sur ce support, les listes sont organisées essentiellement par ordre
chronologique, ce qui fait qu'il est assez simple d'identifier les notaires
et les numéros des films qu'il vous faudra consulter. Si vous utilisez
la version en ligne ou sur CD de ce catalogue, les enregistrements vous
seront restitués triés par nom de famille du notaire, et
il vous faudra examiner tous les documents pour retrouver ceux des années
qui vous intéressent. Rien ne garantit que le film soit lisible,
ni que le notaire ait réellement passé l'essentiel de son
temps dans le district indiqué !
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L'inventaire des actes notariés établi pare les Archives
Cantonales est disponible sur deux bobines de microfilms. Il comporte deux
listes pour chaque district : la première est triée par nom
de notaire et comporte quelques indications sur la période couverte,
les principales villes où le notaire a travaillé, et éventuellement
les études qu'il a tenues. La seconde liste est triée par
ordre chronologique; vous souhaiterez peut-être la photocopier et
la sauvegarder comme référence. Armé de cette liste,
vous pouvez parcourir le catalogue de la Family History Library pour rechercher
le film correspondant. Les noms et les dates dans l'inventaire ne correspondent
pas toujours exactement à ceux du catalogue SDJ, mais on arrive
d'ordinaire à les associer.
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Planifiez votre recherche ! Faites une liste, et triez-en les éléments
dans un ordre qui vous semble logique. Commandez un ou deux films à
la fois, et travaillez à rebours, en notant bien ce qui a déjà
été parcouru, et ce, même si vous n'avez rien trouvé.
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Tenez un journal de vos recherches, en notant suffisamment de renseignements
sur chacune des transactions impliquant votre famille de façon à
savoir (a) où la retrouver le cas échéant, (b)
quelles étaient les parties impliquées dans cette transaction,
(c) la date de la transaction, ainsi que (d) ce sur quoi elle portait.
Chaque fois que vous trouverez un document contenant des informations sur
les relations et suffisamment lisible pour pouvoir être déchiffré
au moins partiellement, songez à en faire une photocopie, suffisamment
agrandie pour permettre à un paléographe expérimenté
de le lire par la suite. Ce paléographe, ce sera vraisemblablement
vous, si vous poursuivez vos recherches au-delà de quelques mois.
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Lorsque vous copiez un document, pensez à l'identifier !
Comment déchiffrer ces documents ?
Réponse : petit à petit !
Réponse détaillée : il y a plusieurs problèmes
à résoudre. Tout d'abord, l'état de conservation des
documents peut rendre certaines sections totalement illisibles, par exemple
lorsque l'encre a traversé le papier, et que les écritures
recto et verso se retrouvent entremêlées. Dans un tel cas,
je vous conseille de ne pas perdre trop de temps sur ce document, car les
informations que vous y glaneriez seraient très sujettes à
erreur. En second lieu, chaque notaire (ou clerc, car il est courant de
trouver plusieurs écritures différentes à l'intérieur
d'un même registre notarial) a sa propre écriture et
ses abréviations, ainsi que sa propre personnalité. Troisièmement,
et même si vous arrivez à déchiffrer la plupart des
mots, le jargon légal d'autrefois peut être très difficile
à comprendre. Cela peut s'avérer beaucoup plus compliqué
encore que le jargon des dossiers de crédit immobilier d'aujourd'hui
!
Malgré cela, les dossiers de la plupart des notaires peuvent
être très utiles pour la recherche généalogique.
Chaque notaire est différent; néanmoins il vous sera
dans tous les cas profitable d'avoir étudié auparavant les
registres paroissiaux pour vous habituer à l'écriture de
l'époque ainsi qu'aux patronymes et toponymes de la région.
Les noms que vous aurez préalablement reconnus vos serviront de
Pierre de Rosette pour décoder ensuite ceux qui sont plus difficiles
à déchiffrer. Parfois, il est bon de survoler d'abord l'ensemble
du volume pour mieux en comprendre l'organisation. Vous trouverez peut-être
des documents éparpillés à l'intérieur du volume
mais correspondant à un même acte légal (par exemple,
le règlement d'une succession), et leur lecture conjointe vous permettra
peut-être d'expliciter certaines phrases au sens obscur.
Vous aurez peut-être des difficultés à comprendre
les abréviations et le style télégraphique. Il existe
des formes sténographiques pour certaines syllabes: un grand "p"
pour "pro", "pre", ou "per"; un grand "q" pour "con" ou "com"; un
"d" avec une barre terminale descendant en dessous de la ligne pour
"dit", "dits", "ditte", or "dittes" dans les mots composés comme
"prédit"; diverses formes de crochets, boucles ou traits peuvent
remplacer, à la fin d'un mot, une ou plusieurs syllabes omises.
Cliquez ici pour étudier quelques formes typiques
d'abréviations.
Comment identifier les parties dans une transaction?
Dans les registres d'actes notariés (par opposition aux minutaires
ou recueils de compte-rendus), on trouve fréquemment un titre synthétique
en tête de chaque document. En cas de doute, recopiez le titre, qui
devrait au moins indiquer l'acheteur. Quand ce titre mentionne toutes les
parties, l'acheteur est normalement indiqué en premier, puis le
nom du vendeur, séparés par le mot "Contre". Mais il n'y
a aucune obligation à ce que le titre mentionne toutes les parties
!
A l'intérieur d'un document concernant la vente ou la donation
d'un bien, le vendeur ou donateur est en principe indiqué en premier.
En pratique, ces documents sont très voisins des actes notariés
modernes (et tout aussi ternes), avec des formules comme "Jean Favre, en
pleine possession de ses moyens et informé de ses droits, vend,
cède, abandonne, ou transfère à Joseph Favre la propriété
suivante, à savoir...", suivie d'une description détaillée
de la propriété, de son prix, et d'une série de clauses
liées à cette transaction. Le document se termine en général
par la DATE et les noms de deux témoins ou plus. La mention de relations
entre les parties ou de circonstances particulières ajoute parfois
de l'intérêt à ces documents. Le vendeur agit parfois
au nom de sa femme ou d'une autre personne (relation souvent indiquée),
et il peut être apparenté à l'acheteur. La transaction
peut concerner une dot, une dette, un héritage ou un jugement quelconque.
L'intérêt de ce document du point de vue généalogique
peut fort bien résider dans ces détails.
Pensez aussi qu'il existe des séries de documents où le
vendeur et l'acheteur ne sont mentionnés que dans le premier, les
autres documents se référant alors au premier par une phrase
du genre "Le vendeur comme dessus" ou "Le prédit". Il est aussi
fréquent de reporter des dates et de noms de témoins dans
des documents successifs à l'aide de phrases du genre "même date que dessus" ou "témoins comme dessus".
Notez toujours comment est identifiée chaque partie. Est-ce un
"bourgeois" d'une ville particulière, ou vit-il simplement là
? Son métier est-il indiqué ? Sa filiation est-elle indiquée
et, le cas échéant, son père était-il déjà
décédé ?
Quels types de transactions rencontre-t-on ?
Les notaires enregistraient toutes sortes de contrats, transactions, reconnaissances
de dettes, allant du paiement d'une meule de fromage au transfert de droits
féodaux. (Lien : Les Devoirs d'un Notaire.) Voici
quelques-uns des types de transactions que l'on rencontre :
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Vente d'un bien
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Accords accompagnant une vente et stipulant les échéances
-
Testaments
-
Transactions relatives à un héritage, y compris les accords
de partage entre héritiers ou d'indivision de certains biens.
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Contrats de mariage
-
Constat de ce que les clauses du contrat de mariage ont été
honorées
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Adjudication de biens au plus offrant en cas de dettes, ou bien pour recueillir
des fonds pour les hôpitaux ou les pauvres.
-
Reconnaissances de dettes en échange de services rendus, de marchandises
ou de prêt d'argent
-
Rééchelonnement de dettes pour services, marchandises, ou
prêts
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Bail de location
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Accords pour la mise en estivage de bétail, payables à l'aide
du fromage obtenu
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Donations de biens, aussi bien celle d'un homme transmettant son bien à
ses enfants avant sa mort, que les donations entre voisins et amis
-
Echanges de foncier (à la suite des divisions d'héritage,
beaucoup de parcelles de terre devenaient si petites qu'il était
souhaitable d'échanger des parcelles de valeur équivalente
pour regrouper ses possessions)
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Décharge de responsabilité, par exemple lorsqu'un pupille
atteint sa majorité et reçoit son héritage et décharge
du même coup ses tuteurs de toute responsabilité ultérieure
-
Transactions portant sur des droits féodaux, des titres, des taxes,
etc.
-
Transactions entre communes ou individus
-
Octroi du statut de bourgeois
-
Transactions entre communes, souvent représentées par des
membres du conseil municipal, identifiés par leur nom
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Règlements de conflits ayant été portés devant
le conseil municipal, un consistoire, ou une assemblée de notables
chargés
d'intervenir dans une dispute, comportant habituellement une explication
sur les raisons du différend, ainsi que les termes de l'accord conclu
(ces conflits vont des désaccords au sujet d'un héritage
jusqu'aux accusations de calomnie)
-
Contrats d'apprentissage, et sortie d'apprentissage
-
Transactions et accords concernant les vignobles : innombrables transferts
de propriété, locations, accords avec les travailleurs, etc.
Que signifie cette transaction?
Comprendre parfaitement un document légal complexe du 16e siècle
ne vous sera guère plus utile que de comprendre dans le détail
un document de prêt immobilier du 20e siècle ! Les détails
d'un document concernant un transfert de propriété entre
individus peuvent s'avérer de peu d'intérêt dans le
cas d'une recherche généalogique; l'intérêt
du document sera peut-être simplement de prouver que votre ancêtre
était vivant et qu'il se trouvait à un endroit donné
à la date donnée.
Toutefois, dans les documents relatifs au mariage et à l'héritage,
on peut trouver des informations concernant les générations
précédentes. Il est utile de comprendre au moins partiellement
la terminologie légale de cette époque. En particulier, le
vocabulaire légal de l'époque féodale pose quelques
problèmes. On trouvera certains termes explicités dans les
dictionnaires modernes. Il existe des études portant sur les documents
de mariage et de propriété, mais ces études sont presqu'aussi
obscures que les documents eux-mêmes. Si un document vous semble
important, et si vous pouvez en déchiffrer la plus grande part,
mais sans arriver à comprendre la nature de la transaction, il peut
être utile d'en poster les détails dans le forum deVaud dans
l'espoir qu'une personne plus expérimentée puisse vous aider
à l'interpréter. Enfin, rappelez-vous que beaucoup d'anciens
termes juridiques français sont directement dérivés
des termes juridiques latins correspondants; vous pourrez parfois trouver
des éclaircissements dans un bon dictionnaire juridique.
L'administrateur de ce site est John W. McCoy
Traduction française par Anne Bohy